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Plus gay le festival de Cannes en 2017

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Les dernières créations de François Ozon, Robin Campillo et Todd Hayne, maîtres du cinéma LGBT, sont sélectionnées au festival de Cannes 2017.

Cela s’est joué au dernier instant, et à des montages de dernières minutes. 120 battements par seconde, le dernier film (à peine achevé) de Robin Campillo concourra au festival de Cannes 2017; une première pour le réalisateur.

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120 battements par minute de Robin Campillo ©FilmsDistribution

La France en lutte contre le VIH

En 2013, Eastern Boys examinait l’attraction d’un quinquagénaire parisien pour une bande de jeunes hommes venus de l’Est de l’Europe, et expédiait le réalisateur au sommet de son art. Cette année, Robin Campillo fait parler les plus prolifiques années du militantisme LGBT parisien : la création d’Act Up-Paris sur le modèle de l’association venue des États-Unis. Alors même que l’épidémie de sida emporte des milliers de victimes depuis près d’une décennie, quelques jeunes militants homosexuels se réunissent pour lutter contre l’indifférence et détonnent par des actions coups de poings. Premières années d’une association pionnière au sein de laquelle le réalisateur lui-même a milité. Adèle Haenel, dont le coming-out à la 39ème cérémonie des César fut inversement aussi discret que sa prestation dans Les Combattants la sacrant Meilleure actrice, occupera l’un des rôles principaux aux côté de l’acteur argentin Nahuel Perez Biscayart, tandis qu’Arnaud Valois interprétera un nouveau venu dans l’association.

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L’Amant Double de François Ozon ©FilmsDistribution

Haynes, Ozon, Coppola, Hazanavicius…

Robin Campillo sera en compétition avec d’autres grands noms du cinéma queer. L’américain Todd Haynes qui, après Carol (2015) récompensant du Prix d’interprétation féminine Rooney Mara et son amour pour Cate Blanchett dans le New York des années 50, revient avec Wonderstruck : deux enfants malentendants, à différentes époques, connectés par un lien mystérieux. Julianne Moore fait partie du casting.

Enfin, le réalisateur ouvertement gay François Ozon (8 femmes, Jeune & Jolie, Une nouvelle amie, Frantz…) présentera son dernier film : L’Amant double et inquiétant joué par Jérémie Rénier en compagnie de Marine Vacth (Jeune & Jolie).

Le 70ème festival de Cannes se tiendra du 17 au 28 mai et son jury sera présidé par Pedro Almodóvar. Également en compétition, les réalisateurs Michel Hazanavicius pour Le Redoutable Jean-Luc Godard joué par Louis Garrel, Sofia Coppola pour Les Proies avec Nicole Kidman, Elle Fanning et Colin Farrell, Michael Haneke pour Happy End ou encore Jacques Doillon pour Rodin derrière les traits de Vincent Lindon.

Retrouvez toute la Sélection officielle du festival ici.

 

Couverture : 120 battements par minute de Robin Campillo ©FilmsDistribution

 

À LIRE AUSSI :

Pedro Almodóvar présidera le jury du Festival de Cannes

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TÊTU vous fait gagner des places pour FLAMENCO à la Villette ! Olé !

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La Villette prend, le temps d’un week-end, des allures de fête flamenca réunissant danseurs et musiciens exceptionnels dans une ambiance de village sévillan.

Du 4 au 6 mai , le festival FLAMENCO de la Villette propose une programmation variée, et commence le soir du jeudi 4 mai avec une rencontre au sommet entre la musique pour violoncelle de Jean-Sébastien Bach (interprétée en solo par Raphaël Chrétien) et la danse flamenca fougueuse de Veronica Vallecillo. Ou comment concilier un tempérament latin fiévreux avec la culture saxonne baroque. Le même soir, nous auront droit aux ‘Historias flamencas de Sevilla’, spectacle porté par l’histoire et la tradition, mais qui regarde aussi vers l’avenir. On y retrouvera les excellents danseurs Antonio Canales et Rafael Campallo, ainsi que Secundo Falcon au chant et Rafael Rodriguez à la guitare.

Au-delà des artistes prestigieux programmés, le FLAMENCO façon Villette, c’est aussi un village sévillan avec des exposants, des écoles de flamenco et un bar proposant tapas et vino iberico. Bref, une ambiance festive qui sent bon l’Espagne.

Dès 19h, ambiance sévillane dans la Grande halle de la Villette : les guitares flamenca de Felix Galliou, les tapas de Mojita & Bob, robes, aquarelles…, sans oublier la très belle exposition de Jean-Louis Duzert : les photos de « Balada Flamenca » racontent vingt ans de flamenco dans le monde. On y retrouvera les artistes qui enchantent la scène de ce week-end flamenco.

A GAGNER : Des invitations pour la soirée FLAMENCO du 5/05 à la Grande halle de la Villette à 20h30 (Paris)

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5 types d’hébergement gay-friendly pour des vacances sereines

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Vous souhaitez passer vos vacances dans un cadre accueillant et tolérant ? Voici 5 types d’hébergements gay-friendly pour bien réussir vos prochaines vacances.

Les journées ensoleillées et les températures quasi-estivales que nous connaissons actuellement nous rappellent que les vacances d’été approchent à grands pas ! Pour ne pas être pris au dépourvu, et pour ne pas payer des sommes astronomiques, il convient, autant que faire se peut, de réserver le plus tôt possible. Mais quel type d’hébergements gay-friendly choisir ? L’offre est très diverse : tout dépend de votre budget et de vos attentes.

 

Les campings

Le camping a pu avoir mauvaise presse : trop populaire, trop familial, trop bas de gamme… Pourtant, il n’en est rien ! Les campings ont de nouveau la côte et proposent parfois des infrastructures et des services de plus en plus haut de gamme. Vous pouvez, évidemment, continuer à camper dans une tente canadienne sur un petit lopin de terre si le cœur vous en dit. Cependant, sachez que vous pouvez désormais louer des petits bungalows de luxe, chalets en bois et autre yourtes. Les campings se diversifient pour répondre à tous les goûts et toutes les bourses. Mais cela reste l’un de types d’hébergement les moins onéreux et c’est peut-être l’un des plus conviviaux puisque vous partagez un espace commun avec plein d’inconnus… Vous pourrez même – qui sait ? – faire de charmantes rencontres le matin dans les douches ou le soir à l’heure de la vaisselle. Car de nombreux camping sont désormais estampillés gay-friendly pour ceux désireux de passer des vacances dans un cadre tolérant et accueillant. Plusieurs sites dont Gay Provence recense les différents campings gay-friendly à travers la France. Pour les amateurs, certains se déclinent même en version naturiste.

 

Les gîtes

Un gîte est une logement indépendant, meublé voire tout équipé (ce qui simplifie grandement la logistique des vacances), et pouvant généralement accueillir entre 2 et 15 personnes. C’est un type d’hébergement relativement bon marché. Tout dépend évidemment du standing et du degré d’équipements que vous souhaitez. Souvent situé dans des zones naturelles (campagne, bords de mer…), le gîte est le type d’hébergement idéal pour les séjours entre amis ou en famille (a fortiori accompagné d’enfants), au regard du nombre de personnes qu’il peut accueillir. Certes moins convivial que le camping, il pourra satisfaire les touristes en recherche de tranquillité, d’isolement et d’intimité. Aujourd’hui, de nombreux gîtes gay-friendly ont essaimé en France et en Europe. Le site spécialisé Gîte en France a même créer une section dédiée sur son site pour les référencer.

 

Les chambres d’hôtes

A l’inverse du gîte, où le logement est mis entièrement à disposition des voyageurs, la chambre d’hôtes consiste en la mise à disposition d’une ou plusieurs chambres aménagées dans la maison du propriétaire des lieux, avec des tarifs s’adaptant à tous les budgets. En somme, vous dormez chez l’habitant, en sa présence. De fait, ce type d’hébergement est plutôt convivial puisque vous pouvez être amené à passer du temps avec les maîres des lieux lors du petit déjeuner (toujours inclus) ou des repas pris en communauté (table d’hôtes). Les chambres d’hôtes se prêtent particulièrement bien à un séjour en couple tant par leur taille et leur intimité. Le peu de personnes présentes dans les lieux vous assure la tranquillité nécessaire mais la compagnie des propriétaires peut s’avérer appréciable pour partager quelques moments agréables, notamment lors des repas. Gîte en France référence également un certain nombre de chambres d’hôtes LGBT ou $friendly à travers l’hexagone. L’équivalent anglo-saxon serait le Bed & Breakfast. L’excellent site Further Afield vous permettra de trouver des B&B partout dans le monde.

 

Misterbnb

Dans le sillage de Airbnb, qui propose de réserver tout ou partie du logement de particuliers (maison, appartement, chambre…) à travers le monde, Misterbnb a lancé l’équivalent gay. Ceci afin que les voyageurs gays soient sûrs de recevoir un accueil convivial et tolérant. Le site a été créé par le Français Matthieu Jost, qui, marqué par une mauvaise expérience en tant que gay à l’étranger, ne souhaitait que personne d’autre n’ait à vivre la même chose. Il permet aux gays de voyager sereinement, en toute sécurité. L’entreprise organise régulièrement des meet-up à travers le monde pour que se rencontrent voyageurs et hôtes afin d’aider la communauté gay à travers le monde. L’application couvre aujourd’hui les 5 continents et connaît un succès croissant. Misterbnb reste une solution abordable pour voyager et est également un moyen de rencontrer et d’échanger avec des habitants du pays concerné, lesquels pourront vous faire découvrir les bon plans et la « vie gay » locale.

 

Hôtels

Option la plus onéreuse, l’hôtel reste également le type d’hébergement offrant le plus de prestations et donc le meilleur standing. C’est un peu l’offre « clé en main » car, à part effectuer la réservation, vous ne vous occupez de rien. Pas de ménage, pas de vaisselle, pas de course, pas de tente à monter… Les petit déjeuners d’hôtel sont souvent inclus et nombre d’établissements proposent un choix de produits variés et de qualités. Les prestations de l’hôtel varient selon le prix : piscine, sauna, salle de sport, bars, restaurants, room service, location de voiture, réservation d’activités en tout genre… Cela vous permettra de gagner du temps et donc de profiter pleinement de vos vacances sans aucun souci. Des hôtels gay-friendly ont fait leur apparition un peu partout dans le monde (voir ici notre sélection en Europe). Là aussi, c’est un bon moyen de sympathiser avec d’autres touristes et de découvrir ensemble ce que chaque destination a de mieux à vous offrir.

 

A LIRE AUSSI :

5 hôtels gays en Europe pour faire plus que dormir

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« Les Initiés », l’amour et la violence en Afrique du Sud

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Tout en nous faisant découvrir une tradition sud-africaine, le réalisateur John Trengove nous plonge dans un drame gay proche du thriller.

Synopsis : Afrique du sud, montagnes du Cap Oriental. Comme tous les ans, Xolani, ouvrier solitaire, participe avec d’autres hommes de sa communauté aux cérémonies rituelles d’initiation d’une dizaine d’adolescents. L’un deux, venu de Johannesburg, découvre un secret précieusement gardé… Toute l’existence de Xolani menace alors de basculer.

Il y a d’abord l’intérêt documentaire du film. En Afrique du Sud, une tradition rituelle persiste dans certaines familles. C’est le passage initiatique des jeunes garçons de l’enfance à l’âge adulte. Pendant plusieurs jours, ils sont enfermés dans une hutte avec un « initiateur » qui les malmène pour faire d’eux des « vrais hommes ». Pour restituer cette réalité méconnue, le réalisateur (blanc et novice sur le sujet) a embauché le chercheur Thando Mgqolozana comme co-scénariste. Les moindres détails du rituel nous sont ainsi montrés, de l’arrivée des jeunes hommes dans les montagnes à la fin de l’initiation. Défilent de nombreuses séquences difficiles, entre circoncision brutale et compétition virile.

Les Initiés

Au beau milieu de ce champ guerrier, Kwanda n’est pas comme les autres. Jeune bourgeois élevé loin des traditions religieuses à Johannesbourg, il rejette le monde patriarcal perpétué par ces rituels entre hommes. Son père, qui trouve que sa mère l’a « trop gâté » (litote pour ne pas dire qu’il est gay), demande à l’initiateur de ne pas le lâcher.

Malheureusement pour le pauvre papa, l’initiateur, Xolani, doit lui aussi composer avec sa sexualité. Kwanda le ressent dès le début et décide de ne pas le lâcher non plus. Son caractère effronté le mène loin dans la remise en cause des mœurs patriarcales et il va provoquer beaucoup plus de boucan que prévu.

L’acteur qui joue le personnage de Xolani, Nakhane Touré, est un chanteur Sud Africain. Le réalisateur n’a pas eu peur de l’embarquer dans l’aventure :

Il a tout de suite compris qu’il lui faudrait sortir de sa zone de confort pour obtenir un résultat intéressant. Il l’a fait de manière instinctive, sans opposer aucune barrière ni résistance. Il s’est dévoilé avec sincérité et a offert sa vulnérabilité à la caméra. On ne rencontre pas un acteur comme lui tous les jours.

 

Les Initiés, en salles le 19 avril

Un film de John Trengove

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5 conseils aux voyageurs gays

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Voyager lorsqu’on est gay implique de bien se renseigner sur le pays d’arrivée et de suivre quelques conseils pour que votre séjour reste inoubliable.

Attention ! Cet article n’a pas vocation à vous faire tomber dans la psychose, à stigmatiser une destination et encore moins à sous-entendre que les gays voyagent différemment que les hétéros ou qu’il faut absolument « étaler » son orientation sexuelle à l’étranger. À ce sujet, chacun fait comme il veut. Cependant, à l’étranger, on peut être tenté d’agir comme à la maison avec son chéri (se tenir la main, s’embrasser…), même sans s’en rendre compte tant on est à l’aise avec soi-même et tant on a réussi à dépasser le regard des autres. Néanmoins, tous les pays n’ont pas le même rapport à l’homosexualité voire font montre d’homophobie. De fait, suivre ces quelques conseils vous permettra de partir en toute sécurité et de respecter les habitudes culturelles locales.

PDA

Public Display of Affection (PDA), pour démonstration d’affection en public. Il s’agit d’un concept que nous connaissons peu chez nous car nous sommes habitués à voir des gens (certes, surtout hétéros) se tenir la main ou s’embrasser. La France n’est-elle pas le pays de l’amour ? Or cette habitude culturelle n’est pas partagée partout. Les notions de pudeur, de sphère privée, le rapport au corps, les conventions sociales… varient d’une destinations à l’autre. Des pays d’Asie au pays anglo-saxons en passant par les pays nordiques, chacun à ses règles en la matière, et il convient de les connaître pour ne pas choquer inutilement vos hôtes voire pour éviter tout problème avec les autorités. Exemple : Dans certains pays musulmans, les hommes se donnent la main. C’est un signe d’affection et non d’homosexualité. À l’inverse, en Inde ou en Chine il est extrêmement mal vu de s’embrasser en public.

Homophobie

Car, au-delà de savoir si on peut ou non s’autoriser une certaine proximité avec son partenaire pendant ses vacances, il faut évidemment avoir à l’esprit que la question ne se pose même pas dans certains pays où l’homosexualité est pénalement réprimée et où l’homophobie d’État fait rage (72 pays dans le monde). D’où la question de savoir s’il faut bannir certaines destinations. Je me garderai bien d’y répondre. Chacun jugeant en fonction de son système de valeurs et de son attrait pour le pays. Néanmoins, refuser de visiter tel ou tel pays parce qu’il pratique une politique homophobe, c’est aussi associer toute une population à la politique de son pays et nier l’existence d’attraits socio-culturels et humains (progressisme, milieu underground…). Par exemple, un de mes amis a visité l’Iran pendant plusieurs semaines il y a deux ans, et il en garde un souvenir incroyable malgré la réputation du pays. À ses dires, c’est même, humainement, son plus beau voyage…

Drague ou prostitution ?

Seul ou en couple, vous pouvez avoir envie d’avoir des expériences en tout genre pendant vos vacances. Néanmoins, soyez vigilants ! Dans certains pays, les voyageurs (réputés riches puisqu’ils ont les moyens de venir en vacances sur place) sont parfois vus comme un moyen de se faire de l’argent, et pas seulement grâce à la vente de souvenirs. La prostitution existe partout et peut prendre des formes diverses. Pas besoin de s’enfermer dans un « bar à escorts » pour avoir de mauvaises surprises. Il suffit de rencontrer quelqu’un en soirée, de le ramener à l’hôtel et de se voir demander (souvent après l’acte, qui peut d’ailleurs être un simple massage) une rémunération, comme si c’était une évidence. La situation peut dégénérer si vous refusez. De fait, renseignez-vous bien avant de partir !

VIH/IST

Les pays connaissent des situations sanitaires différentes qu’il faut connaître pour s’amuser sans risque. Le VIH progresse encore malheureusement dans plusieurs pays, et pas uniquement chez ceux en voie de développement. Il existe aussi 11 pays qui interdisent l’entrée de leur territoire aux séropositifs. D’autres IST peuvent également être contractées à l’étranger, telles que la syphilis, les hépatites, l’herpès, les condylomes… En outre, lorsqu’on est en vacances, euphorisé par ce moment de détente, nos garde-fous peuvent sauter. On se sent bien, on a envie de s’amuser, de faire des rencontres, on est moins anxieux voire moins regardant…. Pour autant, les IST, elles, ne prennent pas de vacances. Se renseigner avant de partir c’est déjà se protéger.

P.S. : Pensez à emporter des préservatifs avec vous avant le départ car vous pourriez ne pas en trouver facilement sur place.

Allô, je suis gay !

« Non mais ça va pas ! Je ne vais quand même pas dire que je suis gay quand je fais une résa’ ! ». Bien sûr, vous n’avez pas à faire votre coming-out à chaque fois que vous voulez réserver une chambre d’hôtel à Cracovie ou un bungalow à Honolulu. Cependant, sachez que par habitude (ou homophobie ?), certains professionnels mettrons deux garçons dans des lits jumeaux plutôt que dans un lit king size. Le plus simple est d’annoncer directement la couleur; soyez fier de qui vous êtes. En outre, vous éviterez de mauvaises surprises à l’arrivée en sachant par avance où vous mettez les pieds. Rien de pire que de tomber sur un réceptionniste suspicieux ou qui trouve l’homosexualité « contre naturhaaan ». Airbnb demande par exemple aux hébergeurs de signer une charte anti-discrimination qui permet aux voyageurs de se retourner contre un hôte au comportement homophobe. Certes, ce n’est pas la panacée, mais la riposte a posteriori vaut mieux que l’impunité. Sinon, sachez qu’il existe aussi un équivalent gay à Airbnb : Misterbnb. Vous aurez peu de chance de tomber sur des individus homophobes. Par contre, votre logeur pourrait bien vous taper dans l’œil.

Le ministère des Affaires étrangères met régulièrement à jour ses « conseils aux voyageurs » pays par pays. Retrouvez-les ici.

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Photographie : Sept années de « vagabondage au masculin » par Sean Patrick Watters

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Dès aujourd’hui, l’artiste américain Sean Patrick Watters expose à Paris soixante-douze photographies tirées de son « Vagabondage au masculin ». En voici un avant-goût…

Sean Patrick Watters vagabondage au masculin
Julian Smokes ©Sean Patrick Watters

 

Un thème d’exposition promesse de promenades, entre les corps, les visages, les rues, les parcours de vie… Les rues sont celles du quartier d’Harlem à New York, où celui qui est né dans le Kentucky à la fin des années 60 a élu domicile. Les corps et les visages, ceux d’hommes rencontrés au hasard et à qui il a demandé de poser après avoir écouté leurs histoires.

Avant un shooting, j’ai besoin de discuter avec les gens. De leurs buts, de ce qui les énervent, de ce qui les motivent. Je les questionne sur leur famille, leurs histoires d’amour, sur ce qu’ils font dans la vie. Quand tu interroges les gens de cette façon, ils en disent bien plus que ce que tu veux savoir. Tu rentres dans leur tête.

Sean Patrick Watters vagabondage au masculin
Harlem ©Sean Patrick Watters

 

Sean Patrick Watters a quitté sa carrière de danseur pour se consacrer à la photographie, après une tournée de plusieurs mois durant laquelle il a sillonné les États-Unis. De la danse, il a gardé dans son art l’amour du corps, délesté de ses artifices et de sa théâtralité. Ses photographies, prises à la lumière naturelle qui se déverse depuis la fenêtre de son appartement new-yorkais, jouent de pudeur et de sensualité. Privilège pour le noir et blanc, qui pare d’un clair-obscur velouté l’épiderme et les émotions de ses modèles. Des compositions chiadées, poétiques, authentiques réunies ce week-end dans l’exposition « I have a tale to tell » (« j’ai une histoire à raconter »).

Souvent, on est nu avec quelqu’un d’autre, ou après un entraînement de sport. Mais être nu devant un autre homme, surtout si tu n’es pas gay, ça peut rendre très mal à l’aise. Je voulais capturer cet inconfort, je voulais que mes modèles m’expliquent pourquoi ils n’étaient pas à l’aise. C’est souvent comme ça qu’ils commencent à se dévoiler.

Sean Patrick Watters vagabondage au masculin
Nightengale ©Sean Patrick Watters

 

Un appartement donnant sur l’Empire State Building, vidé de ses meubles mais pas de son propriétaire, un ami de l’artiste qui pose nu devant la flèche du gratte-ciel. Tel est le premier cliché de Sean Patrick Harris exposé à Paris à la demande de René-Julien Praz qui rassemble chaque année les œuvres de centaines d’artistes au bénéfice de la lutte contre le sida lors des soirées Art is Hope. « Vu le nombre de mails qu’il m’avait envoyé, j’ai presque cru à une sorte de pervers ! » confie en riant Sean Patrick Watters, qui accepta volontiers l’invitation ; au début des années 1990, il a aidé le mari d’une amie, séropositif, dans les gestes du quotidien.

Quatre ans plus tard, ses œuvres servent de nouveau la lutte contre le sida sous la direction de René-Julien Praz, architecte de cette exposition. Le bénéfice des ventes permettra au fonds de dotation LINK de financer les programmes « SPOT » de l’association AIDES : des espaces communautaires de santé sexuelle inspirés du modèle anglosaxon, réunissant infirmières, médecins, accompagnateurs, etc.

Sean Patrick Watters vagabondage au masculin
Nick and Borris ©Sean Patrick Watters

 

Sur les murs blanc de la fondation EDF trônent ainsi soixante-douze tirages uniques capturés entre 2010 et 2017, et autant d’anecdotes que le commissaire comme l’artiste aiment à raconter. Un père de famille à la musculature d’Apollon, un couple de voisins posant sur les marches de l’immeuble qui les abrite tous les trois, un jeune de bonne famille qui multiplie tatouages et bijoux gothiques, un homme qui refusa de poser jusqu’à ce que son ami accepte de se glisser nu au pied de la photographie, un doigt d’honneur capturé en 2011 mais réactualisé en un clin d’œil au président américain grâce au titre « Trump you! », un papillon posé sur une main durant la Gay Pride new-yorkaise de 2014 et qui rappela à Sean Patrick sa propre mère, un jeune homme de 19 ans photographié à Paris, les bras croisés et une cigarette entre les doigts…

J’ai besoin de cette vulnérabilité que l’on dégage lorsque l’on est nu.

Sean Patrick Watters vagabondage au masculin
Stijn’s Hands ©Sean Patrick Watters

 

Plusieurs de ses modèles – dont beaucoup sont Parisiens – sont depuis devenus de célèbres mannequins. Le nom de Sean Patrick Watters, qui signe aussi les shootings de mode des plus grands magazines, renforce sa place dans l’univers des galeries. Cette automne, l’artiste exposera à Los Angeles sous un titre qui rend hommage aux vocalises de Judy Garland et, si la rumeur dit vrai, à la genèse du drapeau arc-en-ciel inventé par Gilbert Baker : « Over the rainbow ».

 

I have a tale to tell, photography by Sean Patrick Watters

Exposition-vente au bénéfice de LINK (fonds de dotation contre le sida) pour AIDES

Espace de la Fondation EDF, 6 rue Récamier 75007

Du vendredi 21 au dimanche 23 avril 2017 / Entrée libre de 12h à 19h

 

Retrouvez le travail de Sean Patrick Watters sur son site officiel. Le catalogue de l’exposition est consultable ici.

 

Couverture : ASJ ©Sean Patrick Watters

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Le festival In&Out à Nice : porter plus haut le cinéma queer

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À l’aube de sa décennie d’existence, In&Out arrête son regard sur meilleur du cinéma queer actuel depuis la Côte d’Azur. Mise au point avec l’instigateur du projet : Benoît Arnulf.

Un titre, « Dissidence », qui promet une programmation subversive et incisive. Une affiche qui nous replonge dans l’atmosphère sombre du difficile Salò ou les 120 jours de Sodome sorti de l’imagination de Pier Paolo Pasolini pour dénoncer le régime fasciste.

Pasolini c’est la personne qui m’a donné le plus de réponses et qui m’a le plus aidé à réfléchir l’époque actuelle – ce qui est assez paradoxal puisqu’il a été assassiné en 1975, quelques mois avant la sortie de ce film.

À l’œuvre de la figure tutélaire, Benoît Arnulf, le fondateur des Rencontres Cinématographiques In&Out et de l’association Les Ouvreurs qui l’organise, a emprunté le poing levé d’un résistant qui est parvenu à s’affranchir de son rôle de geôlier, pour annoncer la 9ème édition du festival du film gay et lesbien de Nice.

Cette année, comme les précédentes, Benoît est allé piocher quelques pépites dans les festivals LGBT européens : Queer Lisboa, Pink Screens de Bruxelles, palmarès des Teddy Awards à la Berlinale… D’abord modèles, ces instances du cinéma international collaborent maintenant avec In&Out pour assurer la circulation de ces œuvres dont la grande majorité ne sortira pas en salles.

De plus en plus de films gays et lesbiens sont repérés. Des films comme Moonlight ou La vie d’Adèle qui ont reçu l’oscar, la palme d’or, n’ont plus besoin de festivals comme le nôtre. Quels types de films on va défendre ? Les artistes et les cinématographies moins visibles. Nos spectateurs savent qu’ils vont pouvoir découvrir des films qu’ils n’ont pas l’habitude de voir.

In&Out Nice Benoît Arnulf festival du film gay et lesbien
Center of my world

Voguing, luttes sociales et romances homos

Dès ce soir, In&Out passera donc de la fiction (Rara, Les Initiés, Center of my world, Closet Monster…) mais aussi des court-métrages et des documentaires « qui sont importants pour nos thématiques parce qu’ils parlent le plus justement et laisse la parole aux témoignages. » Le festival s’ouvre ainsi sur les pas de danse de quatre jeunes gays, lesbiens et trans suivis pendant quatre années sur la scène « vogue » new-yorkaise et afro-américaine dans l’incroyable Kiki récompensé au festival Chéries-Chéris. Viennent aussi Les Intrigues de Sylvia Couski qui captent le bouillonnement politique des années 1970, et l’impertinence des Gazolines dont Marie France, invitée d’honneur, a partagé la liberté de ton et la frivolité. Ou les écrits de James Baldwin, mis en images par Raoul Peck dans I am not your negro. « Mais on est pas tourné vers l’arrière », et In&Out diffusera aussi des merveilles de la nouvelle scène, comme The Beach House du réalisateur libanais Roy Dib, interdit de diffusion dans son propre pays car l’homosexualité y est prohibée. Au total, une vingtaine de films seront projetés dans plusieurs salles niçoises, entre autres DJ set, expositions, dépistage et conférences sur le cinéma et la militance (voir la programmation).

C’est parler à la communauté LGBT de la communauté LGBT : qu’est-ce qu’on est devenus ? Est-ce qu’il y a encore moyen de résister ? Résister à quoi ? Comment on protège notre liberté ?

La 9ème édition d’In&Out rendra enfin un hommage posthume à Miss Koka à travers un film éponyme où l’artiste transformiste se confiait sur sa mère. Son créateur, Philippe Frédière, a enpailleté la scène niçoise pendant plusieurs décennies, entre plusieurs animations en croisières gays; ses obsèques ont rempli la cathédrale de Nice et son parvis en février dernier.

Philippe a facilité l’entrée de nombreux homosexuels dans la vie gay par le biais de l’humour. On allait un peu fébriles, en se demandant ce qui allait nous arriver dans ces bars ou dans ces boîtes, et on finissait pliés de rire devant un spectacle de transformistes. Son existence même permettait de dire qu’il était militant : rendre visible et être simple.

Curieux.se.s, cinéphiles, militant.e.s, réalisateur.rice.s, acteur.rice.s et chercheur.se.s réuni.e.s pour porter plus haut le cinéma queer, car comme le souligne Benoît, « la dissidence c’est pas vraiment la résistance, c’est pas vraiment la révolte. C’est faire un pas de côté et proposer quelque chose de différent. »

 

 

Rencontres cinématographiques In&Out

9ème festival du film gay & lesbien de Nice

Du 25 au 30 avril 2017 à Nice et du 2 au 3 mai 2017 à Beaulieu-sur-Mer.

Plus d’information ici.

In&Out Nice Benoît Arnulf festival du film gay et lesbien

 

Couverture : Closet Monster

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Sharleen Spiteri du groupe Texas : « Je partage avec la communauté gay le refus d’être jugé »

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Sharleen Spiteri et TÊTU, c’est une longue histoire. Nous avons rencontré l’“icône lesbienne” hétéro pour la sortie du nouvel album de Texas : Jump on Board.

Ce jour-là, celle qui, en février 1998, posait en couverture de TÊTU la bouche entrouverte et la langue prête à claquer, a troqué son débardeur de l’époque pour un bonnet noir un ensemble sweat-pantalon assorti. Ses cheveux sont identiques à deux décennie plus tôt, mais elle ne peut s’empêcher de s’exclamer qu’elle préférait son ancienne coupe en revoyant le shooting des années 90.

La Texas girl, comme on l’avait surnommé en Une, est devenue Texas women, dit-elle. Mais le style de son groupe reste inchangé : mélange de country, de disco et de cette douce mélodie qui nous dit que « tout ira bien ».

Vendredi 21 avril 2017 est sorti Jump on Board, le neuvième album du groupe légendaire qui n’a jamais eu peur de signer son propre style. Un entêtement qui a offert une longévité rare au band qui vrombit depuis l’Écosse et la fin des années 80.

Sharleen Spiteri Texas Jump on Board

« Let’s work it out » est le single qui porte ce nouvel album. Pourquoi as-tu choisi de collaborer avec le footballeur français Thierry Henry pour le clip ?

Sharleen Spiteri : Thierry Henry est un très vieil ami. On s’est rencontrés lorsqu’il découvrait Londres pour la première fois. Il est même le parrain de ma fille. Pour célébrer sa naissance, durant un match, il a soulevé son maillot sur le terrain et devant les caméras : sur son débardeur en dessous il avait écrit « POUR LE NOUVEAU NÉ KYD » qui est le second prénom de ma fille.

Concernant le clip vidéo, je lui ai fait écouté le titre dont on venait juste de terminer l’enregistrement. On était dans sa cuisine et il m’a dit qu’il adorait la chanson. Alors une semaine plus tard, on discutait des acteurs… et  je suis dit « et pourquoi pas Thierry ? » C’était un peu bizarre mais je l’ai appelé pendant qu’il était en Belgique à s’entraîner avec son équipe, je l’ai rassuré en lui assurant que je ne serai pas vexée s’il refusait, et il m’a tout simplement répondu « bien-sûr que je vais le faire ! » Au final, on s’est beaucoup amusé à réaliser cette vidéo. C’est un ami, donc c’est facile.

Dans ce nouvel album, on a donc ce single qui est assez disco, comme le titre “Midnight” d’ailleurs. Mais il y a aussi des titres plus folk (“For Everything”), plus rock (“Tell that girl”), plus électro et planant (“Can’t Control”)… Est-ce que cet album est à penser comme une sorte d’hommage à tous les genres qui ont fait Texas ?

Oui c’est un jukebox. Ou plutôt, c’est un hommage au jukebox qu’on a en nous. Et c’est plutôt drôle parce qu’au final, cet album c’est un peu comme si on avait réuni White on Blond (4ème album de Texas sorti en 1997, ndlr) et The Hush (5ème album du groupe sorti en 1999).

Est-ce qu’on peut toujours considérer Texas comme un groupe de rock ?

Qu’est-ce qu’un groupe ? Je ne sais pas… Je ne sais pas si être un groupe de rock relève de l’attitude. On est juste un groupe. Et je suis heureuse qu’on soit toujours un groupe, qu’on nous autorise toujours de faire ce qu’on fait. Je continue de vivre un rêve.

 

« Le son de Texas, c’est tout simplement ce qui se produit lorsqu’on est tous ensemble et qu’on commence à jouer »

 

Pourtant, sur toute l’histoire de Texas, c’est toujours toi qui incarne ce groupe, toi qui posait en couverture des albums…

Ouais… mais t’as vu à quoi ressemble mon groupe ! (rires) C’est surtout que c’est déjà tellement dur, quand tu vas en studio, d’obtenir de relativement bons clichés d’une seule personne. Alors imagine si on est quatre ou cinq… C’est un cauchemar ! On essaie à chaque fois et ça foire toujours. Mais à l’intérieur de l’album on a imprimé des photos du groupe qui viennent d’Instagram. Ce sont des photos que j’ai prises, des moments de groupe, des trucs débiles… Sur mon Insta, il y a par exemple une vidéo de moi dansant dans ma cuisine parce que « Let’s Work It Out » passait à la radio pour la première fois. C’est qui on est !

Sharleen Spiteri Texas Jump on Board

Texas a toujours eu son propre son, indépendamment des tendances musicales. Comment tu expliques ça ?

Ce qui est étonnant c’est que tu peux identifier les différentes références, les différents moments. Mais t’écoutes ça et tu finis toujours pas te dire « ouais, c’est Texas ». Quand les gens me demandent « mais alors, c’est quoi Texas ? », je leur réponds tout bonnement : on est Texas, c’est ce qui se produit quand on se réunit tous ensemble et qu’on joue de la musique; c’est ce qu’on sonne. Peu importe ce qu’on fait, quel pays on visite. On a un son, et en toute honnêteté je suis incapable de le définir. Après tout, est-ce que la musique devrait être définie ? Elle se définit d’elle-même.

Dans cet album on retrouve le thème de l’amour dans plusieurs titres… Qu’est-ce qui vous a inspiré lorsque vous enregistriez l’album à Glasgow ?

Moi c’est l’être humain qui m’inspire. Les notions d’amour et de respect aussi. Les émotions et les sentiments. La nature humaine est extrêmement importante pour moi, les interactions entre chacun… Même si j’aime être seule par moment.

 

« Être une icone gay ou lesbienne c’est le summum pour moi »

 

 

En faisant quelques recherches, j’ai retrouvé la couverture de TÊTU pour le numéro de février 1998… Qu’est-ce que tu en penses presque vingt ans plus tard ?

Sharleen Spiteri Texas Jump on BoardJ’ai l’impression que c’était hier, je me rappelle de tout ! Je me rappelle où j’ai acheté la veste que je porte sur cette photo. D’ailleurs j’ai toujours le magazine chez moi. Je ne jette absolument rien. J’ai tous les magazines, toutes les coupures de presse, hormis ce dont j’ai fait don à des œuvres de charité. Mais je suis obligée de tout garder pour que ma fille me croit quand je lui raconterai que j’ai fait la couverture des magazines.

Dans les médias tu as souvent été qualifiée d’icône lesbienne bien que tu sois hétéro. Comment tu vis cette désignation qui provient des regards extérieurs ?

Je pense que ça relève d’une attitude et d’un état d’esprit. Je pense que la communauté LGBT sent que j’exprime le fond de ma pensée et que je me bats pour ce en quoi je crois. On parle là d’une communauté qui s’est battue pour sa vie qui continue de se battre sans arrêt parce qu’il y a encore tellement de préjudices. Quand j’étais encore une fille – maintenant je suis plutôt une femme – j’étais très androgyne et on avait fait des suppositions à mon sujet. Et je pense que ce contre quoi la communauté gay ou lesbienne s’élève, c’est contre le fait d’être jugé. Être une icône gay ou lesbienne c’est le summum pour moi. J’en suis très heureuse et très fière.

 

« Les gens croient que je m’habille comme ça car je ne veux pas être sexy. C’est faux ! »

 

La question du genre est omniprésente aujourd’hui. Penses-tu qu’il soit plus facile de cultiver un look androgyne, comme tu l’as fait à l’époque, aujourd’hui que ça ne l’était avant ?

Je pense qu’on est au-dessus de ça oui. C’est définitivement plus accepté. Quand je grandissais et que j’étais vraiment très androgyne, je me rappelle avoir entendu des gars cracher « pfff… lesbienne » sur mon passage. Simplement à cause du look que j’avais. Ok, et si je suis lesbienne ? Et si je ne le suis pas ? Tu me dis ça parce que tu penses que je ressemble un peu à un garçon ? C’est ça que tu vas me dire ? Je pense en fait que ça rendait les gens nerveux… Maintenant il y a beaucoup plus de filles et de femmes qui portent des costumes ou ce qu’on pourrait appeler des fringues de mec.

Mais en fait je ne suis jamais posée la question parce que c’est juste la manière dont je m’habille. Je ne me sentais pas bizarre. Les gens pense que je m’habille comme ça parce que je ne veux pas être sexy. C’est faux ! Pour moi, c’est ça être sexy. Depuis que je suis toute petite, je suis persuadée que ce que tu ne vois pas, c’est ça qui est sexy. Même sur la couverture de White on Blond où je porte un gros sweat noir et où tu ne vois que mes yeux… Moi je me fiche de savoir si on m’aime ou non car moi je m’aime et c’est bien plus fort. La force c’est bien plus sexy que d’être dans le besoin. Je déteste les femmes dans le besoin.

Être sexy est selon toi une question de confiance en soi ?

Absolument ! La confiance en soi est meilleure que tout. Attention, je ne parle pas d’arrogance. Mais être sûr de soi, de soi-même, et avoir une idée précise de ce qu’on est et de ce qu’on veut devenir.

 

Huit ans se sont écoulés entre Red Book et The Conversation. Quatre années séparent ce dernier de Jump on Board. Est-ce que ça signifie une reprise de vitesse pour le groupe ?

On ne pense pas en terme de temporalité, on fait juste ce qu’on sait faire. Cet album est arrivé très vite et très facilement. On a vraiment pris du bon temps. Et je crois que le succès de The Conversation y est peut-être pour beaucoup. Quand quelque chose est si bien reçu, tu te dis que les gens n’en ont peut-être pas marre de Texas, et qu’ils ont encore envie de t’entendre.

Ta grand-mère paternelle est française. Est-ce que t’aurais un petit mot en français pour nos lecteurs ?

Il n’y a qu’un mot que je puisse dire aux lecteurs… Je t’aime. Comme Jane [Birkin, ndlr] le chantait. Il n’y a rien d’autre à dire.

Merci Sharleen !

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5 bonnes raisons de passer un week-end à Marseille

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La Cité phocéenne est envoûtante tant par son ambiance que par son climat, tous deux chaleureux. Découvrez 5 raisons de passer un week-end à Marseille.

Que celui qui n’a jamais été à Marseille se repente ! La deuxième ville de France est riche d’une incroyable diversité. De ces 111 quartiers-villages à ses calanques en passant par ses monuments et sa « vie gay », la Cité phocéenne ne vous laissera pas indifférente.

5 bonnes raisons de passer un week-end à Marseille

Le fort Saint-Jean

Le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée se compose de deux bâtiment. Le fort Saint-Jean et le môle J4. Le premier est un bâtiment défensif construit par phases successives à l’emplacement d’un ancien campement phocéen (Phocée étant une ancienne cité grecque). Les ordres des Templiers et des Hospitaliers y firent construire leur commanderie. Louis XIV la fortifia pour asseoir son autorité sur la ville. Les Allemands y construisirent un bunker pendant la guerre.

Ce lieu chargé d’histoire (et contant l’Histoire puisque plusieurs bâtiments sont affectés à une muséographie des origines à aujourd’hui) a été entièrement restauré. Et c’est une véritable réussite. Aux bâtiments anciens – où l’on retrouve la patte si particulière de Vauban -se mélangent aujourd’hui des matières brutes tel que le bois et l’acier, conférant à l’ensemble une subtile touche de modernité.

La vue sur le Vieux-Port et les alentours justifient à eux seuls une visite en ces lieux singuliers et sereins. Une promenade dominicale enchanteresse !

5 bonnes raisons de passer un week-end à MarseilleLe Mucem

L’autre bâtiment composant le Mucem est le môle J4. D’ailleurs, c’est lui qui renferme le musée à proprement parlé. C’est « un bâtiment de pierre, d’eau et de vent » comme le décrit lui-même Rudy Ricciotti, l’architecte à l’origine du projet.

Une passerelle de 130 mètres relie le Mucem au fort Saint-Jean. Une promenade grandiose et vertigineuse à plusieurs mètres au-dessus d’une darse.

Le contraste entre l’ancienneté du fort et la modernité du musée est saisissant. La mer et le soleil pénètre à travers les alvéoles de la paroi qui enrobe le bâtiment tel un exosquelette ou une construction organique d’origine inconnue.

Véritable « musée de société », le Mucem vise à « la conservation, l’étude, la présentation et la médiation d’un patrimoine anthropologique relatif à l’aire européenne et méditerranéenne ». Une pure merveille architecturale et culturelle à ne pas manquer.

5 bonnes raisons de passer un week-end à Marseille

Le Cours Julien

Saint-Julien est un quartier situé dans le XIIe arrondissement de Marseille. C’est un quartier jeune et branché, légèrement alternatif. Le Cours Julien en est un peu l’épicentre. Bordé de cafés et de restaurants, c’est un lieu de rencontre très populaire. Le Cours est piéton et aménagé de fontaines et d’arbres, invitant la jeunesse locale à s’y retrouver pour boire l’apéro et commencer la soirée.

Avec un peu de chance, vous tomberez (le dimanche) sur une brocante. Au-delà des trouvailles que vous pourrez y faire, vous aurez l’impression, le temps d’un instant, de vivre à Marseille. Installez-vous à la terrasse d’un des nombreux bars qui s’y trouvent. Ou sinon, dans l’une des rues adjacentes, elles aussi très fréquentées.

5 bonnes raisons de passer un week-end à Marseille

Les Goudes

Avec son petit village et son port, c’est l’endroit pittoresque par excellence à Marseille. Situé dans le XIIIe arrondissement à 13 kilomètres du Vieux-Port (30 min en voiture ou en transport en commun si ce n’est pas trop embouteillé), c’est un endroit extrêmement prisé des Marseillais qui aiment s’y rendre le week-end pour profiter des charmes de ce petit port de pêche à l’entrée des calanques.

Autrefois réputé comme étant un repère de truands, c’est aujourd’hui devenu un quartier bourgeois, au grand regret de nombreux Marseillais qui ne peuvent plus se permettre d’y vivre tant les prix immobiliers ont flambé. Il faut dire que son attrait touristique s’est aussi beaucoup développer. Plusieurs heures sont parfois nécessaires pour s’y rendre ou en revenir…

En outre, le site naturel alentour est d’une grande beauté avec le massif de Marseilleveyre et les calanques non loin. Affrontez l’affluence pour vous y rendre. Vous ne regretterez pas !

5 bonnes raisons de passer un week-end à Marseille

« Nuit gay » marseillaise

Certes, Marseille n’est pas un haut lieu de la « nuit gay ». La ville n’est effectivement pas connue pour accueillir une dynamique communautaire de premier plan, ni pour être une ville de choix pour les personnes LGBT. Néanmoins, Marseille est une ville agréable et relativement sûre, dans laquelle vous trouverez de nombreux établissements gays.

Le Polikarpov est le bar idéal pour commencer la soirée mais aussi par la poursuivre. Situé sur le Cour Honoré-d’Estienne d’Orves, une artère très populaire, c’est un bar accueillant, à la clientèle mixte et à la déco soignée. Prisé de longue date par la communauté gay, le lieu se veut avant tout convivial plutôt que communautaire et on adore. Tout le monde se mélange joyeusement, surtout une fois dégustés leurs délicieux cocktails et Sébastien ayant chauffé les platines.

Le Play est un autre bar à l’ambiance sympathique. Légèrement excentré, il se rejoint facilement du Vieux-Port en marchant 15-20 min. La clientèle est plus gay mais néanmoins variée. La musique est entraînante et invite à danser au fond du bar sur la petite piste improvisée. Le lieu se remplit rapidement le week-end et vous donnera envie de continuer la soirée jusqu’à sa fermeture.

D’ailleurs, pour danser jusque tard, le New Cancan est l’endroit idéal à Marseille. C’est l’une des seules boîtes gays de la ville et une sorte d’institution. Un peu trop peut-être. En effet, le lieu se repose un peu sur ses lauriers et ne se réinvente pas beaucoup, notamment niveau déco. Dommage car le New Cancan organise de nombreuses soirées, très populaires dans la communauté gay locale. Vous danserez et peut-être plus. Il y a même des backrooms en sous-sol…

Pour déjeuner, le Caffé Noir est charmant avec son design épuré et sa petite terrasse en plein centre. Tenu par Matthieu et Niko (également propriétaire du sauna Le Cargo), le bar est parfait pour un apéro détente en fin de journée.

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Les Mots à la bouche vous plongent dans la tête des fans

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Chaque semaine Les Mots à la bouche vous proposent leurs coups de cœur littéraires. Aujourd’hui, on s’immerge en pop culture et on explore la fascination pour les stars…

On fond pour Harry Styles des One Direction avec Côme Martin-Karl, on rentre de l’intimité et la tête de Patrice Chéreau avec Olivier Steiner, et on suit le devenir-Nana Mouskouri de David Lelait-Helo.

Les Mots à la bouche tête des fans fascination pour les stars

Styles, roman de Côme Martin-Karl, JC Lattès, 252p, 18€

Synopsis :  Angoissé, un peu asocial et ne tombant amoureux que dans ses rêves, le narrateur, étudiant en sociologie, nourrit un fantasme pour Harry Styles, l’ancien chanteur de One Direction, le plus grand boys band de tous les temps. Il décide de sublimer cette obsession adolescente dans un mémoire universitaire ; mais rapidement, son professeur se désintéresse de lui. C’est alors qu’il se tourne vers Jean-Philippe Costat, un sociologue pointu à la tête d’une revue prestigieuse à la rhétorique complexe. Désormais, son travail sur Harry Styles change d’ampleur et doit, à lui seul, révolutionner les sciences sociales. Au même moment, alors qu’il se croyait au moins original à défaut d’être brillant, il rencontre Julien, un étudiant qui rédige sa thèse de psychanalyse du droit sur ce même chanteur anglais. Celui-ci semble tout le contraire du narrateur : beau, profond, à l’intelligence virtuose. Surtout, grâce à des relations, il a accès à Harry Styles en personne… Mêlant ambition intellectuelle, pop culture et fantasmes érotiques, ce récit pose la seule question qui vaille : lorsque l’on est amoureux, l’est-on d’une vraie personne ?

Avis du libraire : Un roman vif et drôle sur la fascination, les idoles pop, l’amour et la solitude. Petit extrait d’une interview de l’auteur par Brain Magazine :

Brain Magazine : En lisant le livre, je me suis demandé si Harry Styles n’était qu’un prétexte à cette histoire. Qu’en est-il ?

Côme Martin-Karl : Oui, il aurait pu n’être qu’un prétexte. J’aurais pu faire Pomme+F et remplacer toutes les occurrences d’Harry par Troye Sivan.

Ça n’aurait pas exactement donné la même chose, non ?

En fait non, parce qu’Harry est quand même quelqu’un de cultivé, et frustré d’avoir quitté l’école un peu trop tôt à son goût. Mais oui, ça aurait aussi bien pu être quelqu’un qui n’existe pas. Il s’agit avant tout d’une obsession amoureuse. Or, une obsession amoureuse, c’est toujours quelqu’un qui n’existe pas vraiment.

Pour aller plus loin : www.motsbouche.com

Les Mots à la bouche tête des fans fascination pour les stars

La main de Tristan, récit d’Olivier , Editions des Busclats, 160p, 14€

Synopsis : Olivier Steiner raconte ici, sans détour et sans masque, sa rencontre avec Patrice Chéreau. Il a rencontré Chéreau lors d’une lecture de La Douleur avec Dominique Blanc. Patrice Chéreau partait le lendemain pour Milan où il allait monter Tristan et Yseult. Olivier Steiner lui a glissé son numéro de téléphone n’osant rien espérer. Mais Chéreau a appelé. L’échange a commencé entre eux. Les mots et la distance ont fait naître une sorte d’amour courtois qui s’est transformé plus tard sans épuiser pour autant cette part première de merveilleux. Un livre troublant, tendre, violent, désespéré souvent, dont le sujet est aussi l’écriture dont s’est nourrie leur histoire. Né sous le signe de La Douleur de Marguerite Duras, La Main de Tristan a la beauté sombre d’un adieu à l’adolescence.

Avis du libraire : Ce récit est le pendant du roman Bohème d’Olivier Steiner qui mettait en scène sa relation avec Patrice Chéreau. Dans ce récit court et dense, les masques tombent, l’auteur livre sans fard ses souvenirs de cette relation unique, il compose une lettre d’amour et un journal de deuil à l’immense metteur en scène. Prix Incipit 2017.

Pour aller plus loin : www.motsbouche.com

Les Mots à la bouche tête des fans fascination pour les stars

Quand je serai grand je serai Nana Mouskouri, roman de David Lelait-Helo, Anne Carrière, 220p, 17€

Synopsis : Dès l’enfance, Milou a des ambitions qui ont de quoi surprendre. Dans la cour de récréation, ce drôle de petit garçon aime jouer à la princesse, et faire de ses copines ses soldats. Il s’imaginera aussi un destin dans la peau d’un monstre orange, le Casimir de L’île aux enfants, avant de se mettre en tête qu’il est la plus puissante des reines d’Égypte. Mais quand il a treize ans, une voix fait chavirer tous ses projets. Celle de Nana Mouskouri. C’est décidé : il sera cette femme-là ! Que d’embûches… Car Milou n’est pas grec, il ne porte ni lunettes ni longue robe pailletée, il ne sait pas chanter et, pire que tout, il découvre, effaré, qu’il est un garçon. Pourtant, Milou a plus d’un tour dans son sac… Son truc à lui, au fil des années, jusqu’au soir de ses quarante ans, c’est de défier le réel pour suivre son rêve. Un rêve qui le mènera bien plus loin qu’il ne l’avait imaginé…

Avis du libraire : Il n’est pas besoin d’être un admirateur de la chanteuse grecque pour apprécier le joli roman de David Lelait-Helo. Sobre, bien écrit et touchant, Quand je serai grand, je serai Nana Mouskouri dissèque ainsi remarquablement les mécanismes de l’identité et revendique haut et fort la nécessité d’avoir un rêve. « Ça sert à se lever le matin et à traverser la journée, et la vie aussi. Ça donne du sens à ce qui n’en a pas. »

Pour aller plus loin : www.motsbouche.com

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« Plus jamais seul » : premier film de la popstar chilienne gay Alex Anwandter

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Alex Anwandter est l’un des chanteurs les plus populaires au Chili. Il est gay. Quand il a appris l’assassinat homophobe d’un de ses fans, il a voulu raconter son histoire.

Synopsis : Santiago du Chili. Pablo, un jeune lycéen, se découvre une passion pour le cabaret. Mais un jour il est victime d’une violente agression homophobe qui le laisse dans le coma. Bouleversé, Juan, son père, met tout en oeuvre pour trouver les coupables…

Plus jamais seul sera au cinéma le 3 mai. Rencontre avec Alex Anwandter qui attend la sortie de son film avec une grande impatience.

Plus jamais seul Alex Anwandter

Était-il important pour vous que votre film sorte en France ?

Oui, très important. La France a une culture cinématographique gigantesque et traite de manière très subtile des sujets que j’aborde dans mon film : l’homophobie, intériorisée et extériorisée, les inégalités sociales, comment un système économique protège certains plutôt que d’autres, etc.

Avez-vous le sentiment que le Chili est en retard en ce qui concerne les droits LGBT ?

Absolument. En dépit de sa réputation de pays latino-américain « moderne », le Chili est très conservateur. En partie à cause de sa Constitution imposée durant la dictature – elle est toujours notre Constitution aujourd’hui – qui permet à la droite conservatrice, très minoritaire, de poser son veto sur absolument tout. Donc c’est une élite conservatrice qui nous gouverne. Pour vous donner un exemple : jusqu’à cette année, si une jeune fille de 13 ans était violée par son père et qu’elle était sur le point de mourir, il était toujours illégal d’avorter. Je pense que cela en dit beaucoup sur l’état de mon pays.

La mort de Daniel Zamudio m’a rappelé celle de Matthew Shepard aux Etats-Unis. Leurs deux noms ont été utilisés pour baptiser des lois de lutte contre l’homophobie… Avez-vous pensé à lui en écrivant votre film ?

Pour être honnête, la mort de Daniel Zamudio et la violence de l’attaque qu’il a subie étaient assez marquantes. Je connais bien sûr l’histoire de Matthew Shepard. Puisqu’ils sont tous les deux des figures de martyrs, j’avais très envie de fictionnaliser l’événement. C’est une manière de dire que ce n’est pas un garçon, à un moment, il y a quelques années. Non. C’est un problème et ça peut avoir lieu n’importe quand.

Pouvez-vous nous dire ce que vous avez ressenti quand vous avez appris la mort de Daniel Zamudio, qui était l’un de vos plus grands fans ?

Je me rappelle avoir raté un avion à l’aéroport de Mexico parce que je venais de lire la nouvelle. Son assassinat a été un véritable tournant dans ma vie. Ce qu’il a enduré était si atrocement violent, et si proche. J’ai des amis qui ont été attaqués physiquement aussi – de manière moins violente, bien sûr – mais j’ai régulièrement des rappels de cette réalité.

Plus jamais seul Alex Anwandter

Pourquoi avoir choisi de représenter le meurtre de Pablo au milieu du film ? Ensuite, le père devient en quelque sorte le personnage principal…

La structure du film symbolise ce que je ressens à propos du problème de la violence homophobe : j’ai détourné l’attention de la victime pour mieux observer le contexte qui voit passer passivement, accepte ou reproduit cette violence. Les médias mainstream, des journaux à la télé en passant par le cinéma, ont tendance à se focaliser sur le côté « spectaculaire » des meurtres homophobes : quels vêtements portait la victime ? Était-elle maquillée ? Avait-elle pris des drogues ? Etc. Comme pour la violence envers les femmes, rien de tout cela n’explique le fait que des gens puissent attaquer une personne homo. D’autres stratégies sont nécessaires pour comprendre.

Le père est-il donc le personnage principal du film ?

Je dirais que oui. Il est celui qui est en charge de protéger et d’éduquer ce garçon. Il a fait l’autruche toute sa vie, mais maintenant il est bien obligé de se confronter à la réalité. Son fils allait bien, il n’avait rien fait de mal. C’est le père qui doit réévaluer toute son existence.

La musique occupe une place très importante et elle est très différente de votre propre musique. Avez-vous dû faire des recherches, notamment en classique ?

Oui ! Surtout parce que j’avais envie que le film soit appréhendé à travers l’esthétique du père. C’est pourquoi il flotte cette atmosphère old school. On a surtout du boléro et des musiques issues des années 60.

En tant que chanteur, avez-vous un public gay ?

Oui, j’ai beaucoup de fans gays et cela me rend très heureux. Entretenir une connexion entre un ou une artiste et le contexte dans lequel il ou elle vit est très important. Je me sens très connecté avec le public LGBT à qui les artistes parlent rarement de manière directe, au Chili en tout cas.

Vos clips sont très originaux et se rapprochent de la vidéo d’art. Quand avez-vous commencé à mélanger votre musique et votre image ?

J’ai compris très tôt l’importance de l’image pour communique une identité artistique. En fait, je pense que réaliser des clips m’a appris la valeur de l’image au cinéma. Les images sont connectées aux émotions. Godard dit à propos d’Hitchcock : « On oublie pourquoi Janet Leigh s’arrête au motel. Mais on se souvient du verre de lait, des ailes de l’éolienne, d’une brosse à cheveux. »

Merci beaucoup !

Merci à vous.

Retrouvez la musique d’Alex Anwandter sur son site officiel.

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L’Historia de ces princes homos qu’on nous a longtemps cachée

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Pharaons, empereurs, rois ou princes, ils ont connu le pouvoir « malgré » leur homosexualité. Dominique Fernandez, de l’Académie française, propose un dossier richissime consacré à quelques puissants et à leurs amants à travers les siècles dans le dernier numéro d’Historia. Une foultitude d’anecdotes et de stupre !

Huit histoires d’amour de princes et de leurs amants. Cela montre que nombre de puissants ont assumé leur homosexualité, affiché leurs liaisons, voire favorisé outrageusement leurs favoris en leur attribuant richesses et pouvoir. Un comportement accepté avec plus ou moins de tolérance selon les époques et les lieux.

Si vous suivez la série Versailles, vous connaissez presque tout des amours de Philippe d’Orléans, le frère du roi Louis XIV…  (et du Chevalier de Lorraine, avec lequel il vécut une histoire de plus de trente ans, au vu et au su de tout le monde). Le pouvoir permettait cela. « Selon que vous serez puissant ou misérable… » : le vers de La Fontaine sied à merveille à l’homosexualité des princes, des rois, des régnants. Admise dans l’Antiquité (à condition que l’on soit le dominant), l’homosexualité est tolérée avec plus ou moins de compréhension et de complaisance à travers les siècles. Même à l’heure du mariage pour tous dans les Etats démocratiques, l’homosexualité est toujours perçue comme suspecte, et celle des hommes de pouvoir occultée. Elle redevient vie privée là où la sexualité des dirigeants hétéros est affichée dans l’espace public.

En octobre 2012, Najat Vallaud-Belkacem, dans un entretien à TÊTU, avait regretté :

« Aujourd’hui, ces manuels s’obstinent à passer sous silence l’orientation LGBT [lesbienne, gay, bi et trans] de certains personnages historiques ou auteurs, même quand elle explique une grande partie de leur œuvre, comme Rimbaud ».

Elle avait annoncé sa volonté que les manuels scolaires soient « passés en revue ». Ces déclarations avaient suscité une petite polémique et n’avaient pas été suivies d’effets…  Heureusement les historiens sont là et les livres foisonnent de révélations ! Au fur et à mesure des années, en relisant, en interprétant, en découvrant de nouveaux manuscrits ou en démontant les falsifications, on a découvert les amours gays de Richard Coeur de Lion, Louis XIII, Henri III, Louis XVIII…  Mais aussi d’auteurs comme Montaigne, Shakespeare, Molière, Goethe, Beethoven , Shubert, Balzac, Chopin, Verne, Montaigne ou encore la Boétie…

Des livres d’histoires homosexuelles

Michel Larivière, longtemps chroniqueur dans TÊTU avec « On vous l’avait caché à l’école », avait déjà retracé les histoires des homosexuels et bisexuels célèbres et sorti Alexandre Le Grand et Flaubert du placard, en fouillant et réinterprétant leurs écrits et leurs vies. Retracé même les destins des femmes d’homosexuels ou bisexuels de l’histoire contemporaine.

Femmes d’homosexuels, « drôles » de destins

Henri-Jean Servat et Cyrille Boulay nous avaient délecté de deux tomes des Amours particulières d’Alexandre et Héphaïstion, de Montaigne avec La Boétie, de Lawrence d’Arabie et d’Ahmed, de Flaubert et Maxime du Camp, de Garcia Lorca et Salvador Dali…

Ces princes et leurs amants revivent leur amour au grand jour dans Historia en ce mois de mai. Pour Dominique Fernandez, qui signe l’ouverture du dossier d’Historia :

En Europe, tout n’a été permis aux grands que jusqu’à la fin du XVIIIe siècle : on peut dater de l’essor de la civilisation industrielle l’obligation du secret pour les mœurs dites « contre-nature ». Pour régner, il fallait se soumettre à la morale bourgeoise. Ses goûts personnels, on devait les refouler, en tout cas se garder de les afficher. Un Frédéric II de Prusse, qui ne se donna même pas la peine de faire un héritier, un Gustave III de Suède, qui délaissa ostensiblement son épouse, devinrent impossibles à partir du moment où l’idéologie du « rendement » créa une coupure rigoureuse entre vie publique et vie privée. L’art de Ganymède se mua pour tous en art de se dissimuler.

Les princes et leurs amants

Soliman dans les bras d’Ibrahim

On méconnaît ainsi l’histoire de Soliman le Magnifique (1520-1566), dixième sultan ottoman, héritier d’un vaste empire et conquérant victorieux de nombreux bastions chrétiens. En privé, il était déchiré entre sa passion pour Roxelane, et celle d’un homme, Ibrahim, que l’Histoire a bien essayé de faire oublier. Amoureux de cet orphelin grec depuis l’enfance, Soliman (devenu Le Magnifique), le nomme serviteur, « Grand fauconnier », puis en fait son favori. Plus tard, lors de conflits avec l’Égypte et la Syrie, il l’enverra même diriger les armées à sa place, puis le nommera en 1523 Grand vizir, la fonction suprême directement sous les ordres du sultan. Pour être lié à tout jamais à celui qu’il aime, Soliman demande Ibrahim d’épouser sa soeur Hadice Hanim. De cette union naîtra Selim, qui succèdera à Soliman sur le trône, comme s’il était le fils indirect de l’amour infertile entre son père et son oncle…

 

Henri III et ses mignons : Ronsard disait-il vrai ?

L’histoire d’Henri III et de ses mignons avait été éventée par le « prince des poètes », j’ai nommé Ronsard :

Le Roi, comme l’on dit, accole, baise et lèche / De ses poupins mignons le teint frais nuit et jour /Eux, pour avoir argent, lui prêtent tour à tour / Leurs fessiers rebondis et endurent la brèche

Le dernier des Valois est accusé explicitement d’entretenir des relations intimes avec les jeunes gens de son entourage. En 1580, l’ambassadeur de Savoie, René de Lucinge n’hésite pas à affirmer que le cabinet du roi est un « vrai sérail de toute lubricité et paillardise, une école de sodomie ». Même s’il eut (aussi) de nombreuses femmes, son goût pour les belles étoffes et les jeunes gens en feront un homosexuel aux yeux de l’Histoire.

Dans Henriquet, l’homme-reine (Editions Delcourt), Richard Guérineau raconte le règne d’Henri III, ses fraises extra-larges, ses jabots de dentelles qui vont si bien aux nobles dames et tristes sires qui ne cessent d’ourdir des complots pour prendre le pouvoir ou le conserver.

 

Le cercle versaillais des adeptes du « vice italien »

Si l’homosexualité d’Henri III, de Louis XIII ou de Louis XVIII fait encore débat tant les preuves tangibles manquent, celle de Philippe d’Orléans, frère de Louis XIV, dit « Monsieur », est accréditée par ses contemporains. Son portrait par Saint-Simon vers 1700 (il a alors 60 ans) est éloquent :

Un petit homme ventru, monté sur des échasses tant ses souliers étaient hauts, toujours paré comme une femme, plein de bagues, de bracelets et de pierreries partout, avec une longue perruque tout étalée devant, noire et poudrée, et des rubans partout où il en pouvait mettre, plein de toutes sortes de parfums et en toutes choses la propreté même.

 

La rumeur de l’Histoire

Le magazine revient aussi sur les rumeurs d’homosexualité de Jules César qui resta « la reine de Bithynie », le giton du roi Nicomède IV pour ses ennemis. C’est aussi une arme politique : « On ne décrédibilise pas mieux un citoyen romain qu’en niant sa virilité. Quand on s’offre comme une femme à un roi étranger, on n’est pas digne de diriger Rome ! » rappelle Virgine Giraud… On n’aurait pas dit mieux sur les rumeurs d’homosexualité d’Emmanuel Macron.

On connait aussi des cas d’ »homosexualisation » de certaines histoires. Il était très courant à l’époque féodale que des amis partagent la même couche… Ainsi de Niankhkhnoum et Khnoumhotep, tous deux directeurs des manucures du palais royal sous le règne de Nyouserrâ (vers 2400 av. J.-C.) en Egypte ancienne. Empruntant un répertoire généralement réservé au pharaon, ils se font représenter dans leur sépulture, enlacés, s’embrassant et se tenant par la taille, mais les études menées sur le décor de l’ensemble du mastaba tendent plutôt à faire de ces deux êtres des jumeaux, et non des amants. Un peu comme les amants de Pompéi…

Amants de Pompéi : Pourquoi pense-t-on tout de suite qu’ils étaient homos ?

 

Retrouvez le magazine Historia en kiosque jusqu’au 20 mai et sur la e-boutique ! (Tout le site pendant un an ne coûte que 40 euros !)

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J’Irai danser à Orlando : « Un livre que mes enfants pourraient lire, un jour »

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Philippe Corbé est le correspondant de RTL aux États-Unis. Quelques heures après l’attentat d’Orlando, le 12 juin dernier, il couvrait l’événement pour la radio. Le journaliste a transfiguré le traumatisme dans J’Irai danser à Orlando, un livre bouleversant.

Il accuse le coup du jet lag New-York-Paris. Philippe Corbé nous rejoint le dernier samedi du mois d’avril à la terrasse ensoleillée d’un café. Il est rentré quelques jours en France pour assurer la promo de son premier livre d’auteur, lui qui avait déjà publié La Dernière campagne. Les 500 jours du sarkozysme chez Grasset.

J’Irai danser à Orlando vous tirera des larmes. Plutôt que de s’épancher, le correspondant de RTL donne à lire des faits. Il redonne vie à celles et ceux qui ont été assassinés dans des nécrologies d’une sensibilité rare. Et retrace, dans une multitude de chapitres brefs construits comme autant de nouvelles, une histoire de la violence homophobe.

 

« Écris un livre que tes enfants pourraient lire, un jour »

TÊTU. L’attentat d’Orlando et ses 49 victimes ont notamment beaucoup touché les personnes LGBT. Est-ce cette même émotion qui vous a poussé à écrire ?

Philippe Corbé. Au début, je n’avais pas l’intention d’écrire un livre. J’avais simplement posté un texte à chaud sur les réseaux sociaux et je me suis rendu compte que les gens avaient été touchés. Une amie juive m’a dit : « Tu comprends maintenant ce que j’ai ressenti au moment de l’Hyper Cacher ». Au-delà de l’aspect terrifiant de l’attentat, j’ai ressenti une dimension supplémentaire dans le fait d’en être la cible en tant qu’homo.

Vous aviez écrit ce texte sur les réseaux sociaux dans l’urgence, mais comment avez-vous fait pour écrire ce livre épais aussi rapidement ?

En fait, je l’ai écrit en un mois de vacances. L’idée, au départ, était de le sortir très vite. J’ai fini le livre le 15 juillet, puis je l’ai complété. Je n’ai pas voulu faire un livre de journaliste, ni un livre d’écrivain, c’était plus l’écho de l’attentat qui m’intéressait que l’attentat lui-même, et les fils que je tire à partir de là. Grasset [son éditeur, ndlr] m’a téléphoné à peine 15 minutes après la publication de mon texte sur les réseaux sociaux. L’éditeur m’a convaincu en me disant : « Écris un livre que tes enfants pourraient lire, un jour ». Ça m’a plu car j’avais envie d’écrire quelque chose qui dépasserait Orlando et raconterait un peu l’époque. Je suis né dans un pays où l’homosexualité était un crime… Nous avons connu une évolution majeure : au fond, un jour, on regardera ces 50 dernières années et on retiendra l’égalité des droits comme l’un des événements les plus importants.

 

« Les victimes m’intéressent plus que le bourreau »

Vous dites que ce n’est pas un livre de journaliste. Pourtant le travail de recherche de l’information est assez colossal. Si la matière première du texte est votre couverture de l’attentat, on repère une foule de sources différentes au gré des chapitres.

Quand on est journaliste, on ne fait pas d’abord de l’analyse. Je voulais que ce soit très épuré : je publie par exemple un rapport brut du FBI. Dans ce rapport, on voit la détermination totale du terroriste d’associer son geste à l’État islamique. Or ensuite, les commentateurs ont émis des doutes… Je me suis plongé dans les archives de tous les attentats homophobes aux États-Unis : il y en avait tellement que je n’ai gardé que ceux qui ont eu lieu autour de bars ou de boites ! Rien qu’avec les meurtres contre les trans blacks, le nombre est faramineux. Elles sont au croisement de discriminations raciales, sexistes et homophobes.

Comment vous est venu l’idée d’alterner des chapitres sur le terroriste avec des nécrologies et des passages d’analyse un peu plus politique ?

Tout est parti de mes insomnies : les idées se percutent, se superposent. Sans vraiment en avoir l’intention, le livre s’est construit comme cela. J’avais des petites fiches bristol où je notais tous les thèmes que je voulais aborder. Un livre, c’est comme une mélodie, il y a des moments forts, des refrains, des accélérations, des moments plus lents. On parle beaucoup de l’attentat au début et on s’éloigne petit à petit.

Les petites nécrologies sur les 49 victimes sont très émouvantes. Comment les avez-vous envisagées ?

C’est en quelque sorte inspiré du Bataclan. Dans Le Monde avaient été publiés des papiers d’enquête sur chaque victime. J’avais découvert que ma médecin était morte là-bas. J’avais été frappé de me dire qu’elle était quelqu’un de formidable que j’aurais aimé connaître. Au New-York Times, ils avaient aussi fait ça après le 11 septembre pour les 3.000 victimes, ce qui avait pris des mois. Pour ma part, cela m’a permis de constater la proximité entre toutes les victimes. Leur point commun n’était pas juste d’être sorties dans une boite gay à Orlando ce samedi-là. Beaucoup étaient de Porto Rico et n’avaient pas grandi à Orlando. Ils et elles s’étaient souvent dit, vers l’âge de 18 ans : « J’ai envie d’autre chose, je prends ma vie en main ». Le Pulse, ce n’était pas du tout branché, pas du tout chic. Je tenais absolument à ce que tous les noms soient cités car je ne voulais pas que ce soit un livre sur le terrorisme, ni sur l’attentat lui-même. Les victimes m’intéressent plus que le bourreau.

Vous appelez « Un mâle pour un mal » un chapitre sur la personnalité du terroriste, que vous appelez « l’Autre » tout au long du livre. Avez-vous eu peur d’écrire ce portrait ?

C’est parti de la question qu’on entendait partout : « Était-il homo ou pas ? » Cette question ne m’intéressait pas. Je n’arrivais pas à comprendre en quoi c’était déterminant. En revanche, son rapport au corps m’a fasciné : ce gamin discriminé parce qu’un peu plus gros que les autres et étranger s’était forgé un corps surpuissant. Pour lui, être un homme bien, c’était d’abord exercer une puissance virile. Je fais peut-être de la psychologie de bazar mais j’imagine qu’il a voulu exercer sa puissance sur des gens qu’il estime ne pas être des hommes. C’est une barbarie patriarcale.

Parmi les 49 victimes, quelle histoire vous a le plus ému ?

Je parle d’elle dès le premier texte : une mère de famille de onze enfants qui avait un cancer. L’idée qu’elle accompagne son fils dans une soirée homo m’a touché, mais surtout le fait qu’elle soit morte en le protégeant. Elle a eu d’instinct le réflexe de repousser son fils vers la porte de secours et de faire barrage avec son corps. Je ne pourrais pas dire que c’est beau, car c’est terrifiant, mais ça m’a bouleversé. L’autre histoire, c’est une jeune fille qui était obèse et qui était parvenue à perdre beaucoup de poids. Elle n’était pas homo mais elle avait trouvé dans ce lieu une forme d’abri, elle avait repris confiance en elle dans ces boites gays.

Vous déconstruisez la figure gay-friendly d’Hillary Clinton dans un chapitre. Vous avez recoupé les éléments qui montrent qu’elle n’est pas cette madone encensée pendant la campagne…

À chaque fois qu’elle parlait des LGBT, ça m’exaspérait. Elle est d’une insincérité flagrante. Elle aurait probablement été une meilleure présidente que Donald Trump, mais elle est légère avec ça ! J’essaye de replacer l’attentat dans un contexte plus large, un contexte historique américain de ces 50 dernières années. C’est un peu présomptueux, mais je pense qu’un jour on regardera ces questions comme un marqueur important de l’époque. C’est au fond une histoire de l’Amérique aussi…

 

« Se souvenir de nos émotions »

À la fin, dans « Nous les oublierons », vous expliquez qu’on oubliera les 49 victimes. Alors ce livre, est-ce un mémorial ou une étape personnelle pour tourner la page du traumatisme ?

Je crois beaucoup à l’oubli. Oui, on oubliera leurs noms, mais j’espère que les gens se souviendront qu’à Orlando il s’est passé quelque chose. Ce qui est marquant, ce sont les détails : les sourires, la chanson qu’ils écoutaient. Peut-être se souviendront-ils de leurs émotions quand tout le monde parlait de l’attentat. Une mère m’a écrit pour me dire que sa fille avait fait son coming-out devant le 20 heures, en regardant un sujet sur Orlando.

Avez-vous eu peur qu’on vous accuse d’écrire une auto-analyse, d’ »utiliser » un événement pour parler de vous ?

Le premier texte, publié sur les réseaux sociaux, était très personnel. Mais je ne voulais pas faire un livre sur moi. L’écho que l’attentat a eu sur moi, en revanche, m’intéresse. C’est pas un livre de journaliste ; je voulais qu’on sente un regard personnel sur l’attentat parce qu’au fond, la vie est faite comme ça. Je me suis seulement autocensuré sur le nom de P. [on comprend dans le livre qu’il s’agit de son copain, ou d’un ex-copain, ndlr]

Dans un chapitre, vous rejoignez P. dans un saloon et vous avez peur qu’un terroriste entre dans le bar. On a l’impression que ce travail sur Orlando vous consumait…

Je travaillais quinze heures par jour sur le livre. Je me levais à 5 heures du matin et je traînais en effet toujours une forme de nausée. Ce qui est naturel, quand quelque chose vous touche. Le fait d’écrire le livre m’a obligé à confronter des peurs, des angoisses. J’étais en apnée. P., ce garçon, a eu l’intelligence de comprendre cela et de m’aider à passer ce moment.

 

J’Irai danser à Orlando de Philippe Corbé

Editions Grasset, 21,50€

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EXCLUSIVITÉ TÊTU : Tous les films en compétition de la Queer Palm au Festival de Cannes

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Le réalisateur américain Travis Mathews (I want your love, Interior Leather Bar co-réalisé avec James Franco) présidera le jury de la Queer Palm, le prix LGBT du Festival de Cannes. Au programme de cette 8ème édition : 7 longs métrages et 6 courts-métrages à départager.

Le jury de Travis Mathews, composé du journaliste Didier Roth-Bettoni, de la réalisatrice Lidia Leber Terki (The Sex Toy Project, Paris la blanche), du réalisateur et directeur du festival de cinéma LGBT de Tel Aviv Yair Hochner et de Paz Lazaro, la responsable de programmation de la section « Panorama » du Festival de Berlin, ne va pas chômer pendant les 12 jours du Festival de Cannes.

Parmi les sept longs métrages sélectionnés par la Queer Palm, un documentaire sur un jeune trans F to M (Coby, film proposé par l’Acid), l’histoire d’un jeune ado qui se cherche et se fait appeler « they » (They en séance spéciale), un intriguant portrait de femme sur fond de meurtre venu d’Indonésie (Marlina the murderer in four acts à la Quinzaine des réalisateurs), un autre documentaire sur un magnat du cinéma en Afghanistan (Nothingwood, toujours à la Quinzaine des réalisateurs). Mais bien sûr les films les plus attendus sont ceux de réalisateurs déjà confirmés tels que 120 battements par minute, le troisième film de Robin Campillo (Les Revenants, Eastern Boys) sur l’histoire d’Act Up-Paris qui est en compétition officielle, le dernier film d’André Téchiné, Nos années folles, avec Pierre Deladonchamps dans un rôle de travesti (en séance spéciale) ou encore le nouveau John Cameron Mitchell (Hedwig and the angry inch, Shortbus) avec Nicole Kidman, How to talk to girls at parties qui suit trois jeunes Anglais en 1977 (hors-compétition).

Les six courts métrages en compétition pour la Queer Palm « Hornet » du court-métrage (le célèbre réseau gay a choisi de soutenir les réalisateurs émergents via ce prix) restent encore mystérieux : Heritage, film israélien,  Cherries, un court croate, Mauvais Lapin, un film franco-portugais, le polonais The best fireworks ever et le nord-américain Möbius. Seule connaissance : Yann Gonzalez, réalisateur des Rencontres d’après-minuit, qui revient à Cannes pour présenter son nouveau film, un court métrage en séance spéciale à la Semaine de la critique, Les Iles dont on nous promet qu’il est très très chaud !

La Queer Palm, créée en 2010 par le journaliste Franck Finance-Madureira (dont vous pouvez retrouver le reportage sur la série Les Engagés dans notre dernier numéro), cette année organisée en partenariat avec la Dilcrah (la délégation interministérielle de lutte contre le racisme et l’homophobie) et également avec TÊTU, sera remise le samedi 27 mai vers 22h.

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Matthew Conway : que se cache-t-il derrière ses dessins d’hommes nus ?

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Matthew Conway dessine des hommes nus ou en slip. « Bears », « wolfs », mecs musclés ou plus maigres. Il mène une enquête sur la masculinité contemporaine, sa beauté et sa diversité.

Matthew Conway
©Matthew Conway

 

J’ai commencé à dessiner avant même que je puisse m’en rappeler. J’imagine que ça m’aidait à comprendre le monde.

Matthew Conway, 34 ans, se définit comme un « artiste queer » et un « nerd total », féru de cinéma, de littérature, et de café. Sur ses feuilles de dessins, ses modèles ne portent pas souvent plus qu’une paire de chaussettes. Parfois une canette de bière. Décontractés devant un objectif imaginaire. Il faut à Matthew entre huit et dix heures de travail pour réaliser chaque portrait depuis son studio qui brûle sous la chaleur d’Austin, au Texas.

Matthew Conway
©Matthew Conway

 

J’aime être libre dans mes mouvements avec le modèle. Ne m’inquiéter de la composition qu’après. J’invite mes modèles pour un shooting, je prends beaucoup de photos et je travaille avec ce qui en sort. Ça m’aide à créer un rapport avec mon sujet.

Matthew Conway
©Matthew Conway

 

J’ai commencé ce projet lorsque j’étais encore en école d’art. J’essayais de mieux comprendre le concept féministe du « male gaze » (le regard masculin) : la construction par laquelle les corps des femmes sont objectivés par les créateurs d’art masculins. Je voulais confronter mes amis garçons hétéros à cette même tension, sur un temps, à travers une lentille queer.

Matthew Conway
©Matthew Conway

 

Depuis j’ai élargi mon attention pour inclure les hommes de tout horizon. C’est une enquête plus large sur la masculinité contemporaine.

Matthew Conway
©Matthew Conway

 

Un sujet nu masculin est une image agressive comparée à la forme féminine que la société a jugée plus belle. L’art a permis au nu masculin d’être puissant et expressif, mais rarement beau. Je voulais explorer ça comme un concept.

Matthew Conway
©Matthew Conway

 

Maintenant que le VIH n’est plus la crise qu’il était autrefois, l’art queer peut embrasser la beauté et le désir. Je ne dis pas qu’il faut arrêter de discuter de ces sujets, mais disons qu’il n’est plus politiquement irresponsable de traiter d’autres aspects de l’identité queer.

Matthew Conway
©Matthew Conway
Matthew Conway
©Matthew Conway

L’érotisme est essentiel pour considérer mon travail. Je crois que le porno, ou peut-être plutôt l’abondance d’images pornographiques, a entravé l’idée même du désir. Je pense que l’érotisme attire et intrigue là où les matériaux ouvertement sexuels sont une impasse.

Matthew Conway
©Matthew Conway

 

Grâce à une récente attention des réseaux sociaux, celui qui se fait surnommer matteattack se voit désormais confier des commandes de clients privés, en plus de ses amis qui ont l’habitude de poser pour lui. L’artiste confie qu’il se dirige vers des pièces de plus grands formats. Il commence à troquer sa feuille de papier pour de grands panneaux de bois, et croise ses traits de crayons à papier avec l’aquarelle…

Matthew Conway
©Matthew Conway

 

Suivez l’évolution de son travail sur son compte Instagram ou son site officiel.

 

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3 bonnes raisons de se rendre à la Pride de Bruxelles

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Pendant deux semaines, la capitale belge va vibrer au rythme du Pride Festival, une série d’événements LGBT qui se clôturera le 20 mai par l’immanquable Pride de Bruxelles.

Hier, Bruxelles lançait les festivités de deux semaines hautes en couleurs : le Pride Festival. La capitale de la Belgique et de l’Europe va mettre à l’honneur les droits des personnes LGBT et notamment des réfugiés autour de nombreux événements alliant temps militants, moments festifs et Marche des fiertés.

TÊTU, en partenariat avec VisitBrussels et Thalys, vous propose de  gagner un week-end à Bruxelles à l’occasion de sa Pride. 

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« Asile et migration »

Tel est le thème choisi cette année par la Brussels Pride, en écho à la situation de nombreuses personnes LGBT à travers le monde. Grâce une série de revendications et un puissant slogan, « Crossing Borders » (la traversé des frontières), Bruxelles souhaite sensibiliser la communauté LGBT et ses alliés aux conditions de vie et aux épreuves que traversent les réfugiés LGBT, aussi bien dans leur pays qu’à leur arrivée en Belgique.

En effet, si un tiers des pays du monde criminalise toujours l’homosexualité, nombreux sont ceux à également bafouer les droits des lesbiennes, gays, bi, trans et intersexués. Mais qu’en est-il une fois que ces personnes persécutées parviennent à trouver une terre d’asile ? « Notre pays est-il si sûr et aussi accueillant qu’on le croit ? », s’interrogent sur leur site les organisateurs du Pride Festival.

Pour tenter de répondre à ces questions, divers événements sont organisés : projections de film (Danish girl, Moonlight, etc.), expositions, conférences… Parmi ceux-ci, notons la très belle exposition « Lolendo » (qui signifie pride, en ligala) du photographe congolais Régis Samba-Kounzi ou encore le show queer de « The Sassy Cabaret » aussi divertissant que subversif venant « questionner les frontières entre les genres et les cultures ».

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Fêter pour transcender

Au-delà des temps militants, le Pride Festival n’en oublie pas sa dimension festive. Car quel meilleur moyen de rassembler, de partager… qu’en s’unissant dans une grande liesse populaire ? Ainsi, une myriades de soirées, concerts, ateliers rythmeront ces deux semaines.

Le 7 mai, le Out! Village vous accueillera au Parc Royal pour les Fêtes de l’Iris. Au délicieux bar à cocktails, « vous pourrez rencontrer des jeunes, des moins jeunes, des sportif-ves, des férus de queer culture, des activistes, des comme vous et des très différent-es de vous. Bref, que du beau monde au rendez-vous ».

De son côté, Soa de Muse vous invitera, lors d’un work-shop, à explorer votre Fierce Attitude : « Venez apprendre avec Soa De Muse les différents tricks, pour marcher, poser comme Beyoncé ou Madonna, et surtout avoir confiance en vous ».

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Brussels Pride

Mais le clou du spectacle de ces deux semaines d’effervescence multicolore reste, à n’en pas douter, la Brussels Pride qui se déroulera le 20 mai. En plus d’ouvrir la saison européenne des Pride, la Marche se veut être un événement majeur de l’agenda Bruxellois. Entre 60.000 et 100.000 personnes sont attendues pour défiler aux côtés de 60 délégations dans une ambiance digne des plus grandes parades.

Pour l’occasion, les bars de la rue du Marché au Charbon et de la rue des Pierres déborderont jusque dans la rue afin d’accueillir tout ce beau monde. Devantures ouvertes et Dj’s à chaque coin de rue, le « quartier gay » bruxellois ne fera pas les choses à moitié. À vous de juger !

La fête battra également son plein jusqu’au petit matin. De nombreuses soirées sont prévues spécialement pour l’événement. « Dansez-vous Dalida », « YOUR PRIDE After Party », « Cat Club », « Los niños », « Revelations »… Tout ce qui fait la nuit bruxelloise au cours de l’année mettra le paquet pour rendre ce week-end inoubliable. Enfin, de nombreuses Street Parties jalonneront les rues du centre-ville. Il y en aura donc pour tout les goûts et bien plus encore…

Retrouvez toute la programmation du Pride Festival sur le site officile de la Belgian Pride.

Se rendre à Bruxelles : Thalys propose des trajets depuis Paris dès 29€ l’aller.

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Le théâtre de Guillaume Vincent entre fête queer, GPA et métamorphoses

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Le metteur en scène Guillaume Vincent nous raconte sa pièce Songes et métamorphoses, une adaptation queer et baroque remplie d’histoires gaies.

Guillaume Vincent a choisi de marier deux classiques foisonnant d’histoires d’amour mêlées. Les Métamorphoses d’Ovide et Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare sont interprétés par 17 comédiens, la majeure partie fraîchement sortie de l’école. Il invente une troupe de théâtre amateur hilarante qui s’atèle à la mise en scène de ces monuments, occasionnant de multiples croisements au cœur desquels l’amour gay se taille une place prépondérante. Rencontre.

Dans Shakespeare, il y a (presque) queer

TÊTU. Votre mise en scène opère un savoureux mélange des genres : diriez-vous que cette pièce est queer ?

Guillaume Vincent. La pièce est traversée par la question des sexualités. Shakespeare a écrit tous ses sonnets pour un jeune garçon. Dans Le Songe d’une nuit d’été, l’ordre est renversé. On pourrait voir cela comme un équivalent du spring break. Dans Ovide, Tirésias a été homme et femme. Il peut répondre à la question de savoir si le plaisir féminin est supérieur au plaisir masculin… J’avais envie de montrer l’hermaphrodisme, les femmes amoureuses avec Iphis et Ianthé. Or chez Ovide, l’amour homosexuel est décrit comme le pire des amours : « La fille du soleil a aimé un taureau, oui mais encore était-ce une femelle qui aimait un mâle »…

Vous avez choisi de conserver ce dialogue très dur entre Iphis et Ianthé que répètent deux jeunes lycéennes à la fois attachantes et insupportables, fières de s’embrasser sur la bouche.

Elles veulent monter cette scène par provocation. J’avais envie qu’on puisse rire d’elles mais qu’en même temps elles apparaissent sympathiques et que leur combat soit crédible. J’ai donné des cours dans un lycée privé catholique et j’ai eu des problèmes car j’avais abordé une scène de Fassbinder… Les parents s’étaient plaints. Quand je travaillais à Zagreb, j’avais demandé à un garçon de faire un câlin à un autre. Il s’était presque agenouillé devant moi pour me supplier de ne pas lui demander de faire ça ! Je me suis dit que c’était fou : il était d’accord pour tuer symboliquement quelqu’un sur scène mais en aucun cas pour embrasser un garçon.

Il y a aussi cette histoire du prof de théâtre un peu austère dont les parents se méfient parce qu’il n’a pas de femme… Et parce qu’il fait jouer Ovide aux enfants.

Le prof de théâtre est inspiré par mes expériences en tant que metteur en scène et par un de mes anciens profs normaliens, dans un lycée privé catholique, qui était homosexuel. Ces questions sont très fortes à l’école et varient énormément d’un lieu à un autre. Quand je donnais des cours à Metz, les élèves n’avaient même pas le droit de s’embrasser sur scène. A Lorient, il y avait un couple de lesbiennes ouvert parmi mes élèves. Et à Gennevilliers, il y a carrément un vigile qui était là pour que les filles enlèvent leur voile en entrant en classe… Essayer de saisir la jeunesse française dans son entier, c’est impossible.

Vous faites aussi jouer le personnage du roi des elfes, Obéron, par une femme. Pourquoi ?

Chez Shakespeare, il y a l’idée que les femmes étaient jouées par des hommes. Imaginez Roméo et Juliette joué par deux jeunes garçons ! Or dans Le Songe, les femmes sont presque uniquement des victimes. J’ai voulu inverser ce rapport entre les sexes.

Christophe Honoré a aussi adapté Les Métamorphoses dans un film en 2014. Avez-vous eu peur de vous y frotter ?

J’étais déjà en train d’écrire la pièce quand le film est sorti. Dans ce film, j’admire l’élan à filmer la jeunesse entre la banlieue et les herbes folles, le vert de la nature et les aplats de béton…

Vous commencez la pièce par le mythe de Narcisse en édulcorant un peu l’histoire, jouée par des enfants.

Dans le texte, il est dit que Narcisse rendait fou les filles et les garçons ! Pour la mise en scène, le prof de théâtre atténue ce côté. Mais en effet, on imagine très bien le garçon embrasser son reflet dans le miroir.

Le débat sociétal de la GPA intervient au beau milieu de la pièce, car les élèves ont appris que le prof y avait eu recours…

On voit une femme enceinte au début de la pièce. Je voulais qu’on puisse se demander si le prof est homosexuel ou pas, qu’on ait un doute en tant que spectateur. Je voulais aussi montrer qu’il n’était pas encore prêt à parler d’un sujet qui, pour des ados de 15 ans, n’a plus aucune importance. Les élèves s’en foutent sur le plan moral, ça ne les intéresse que parce qu’il refuse d’en parler. Mais ce n’est pas un discours militant de ma part.

Guillaume Vincent Songes et métamorphoses
©Elisabeth Carecchio

Une pièce baroque

Comment vous y êtes-vous pris pour réaliser un travail aussi titanesque ?

C’est deux ans et demi de travail. Des choses s’ajoutent durant les répétitions. Entre les deux pièces, il a fallu créer des ponts et une communication ininterrompue.

Comment avez-vous choisi les acteurs ?

Ça a été très long, j’ai auditionné plus de cent personnes pour avoir un quatuor intéressant chez les jeunes. J’avais l’idée d’avoir quatre jeunes gens et de les montrer comme tels, des acteurs qui débutent.

La mise en scène s’appuie sur des effets de rupture souvent très comiques. Où vous situez-vous entre un théâtre classique et un théâtre contemporain un peu violent à la Vincent Macaigne ?

Cette pièce se nourrit de mon parcours : j’ai commencé avec Marivaux… Mais je ne me situe pas par rapport aux autres. J’en fais beaucoup, mais différemment. Ça brille beaucoup chez moi [des confettis dorés tombent sur le plateau pendant au moins une heure sur les quatre du spectacle, ndlr]… Et puis j’aime aussi me recevoir de la chantilly quand je vais voir des spectacles !

Dans une scène intense de dispute, une élève du cours de théâtre refuse de jouer un personnage de sa famille. Quel est le sens de cette colère homérique ?

Ça raconte quelque chose sur les rôles qu’on attribue aux Noirs, aux homos, etc. On a envie de transcendance ! De ne pas toujours être assujetti à ce que l’on est ! Il faut pouvoir jouer avec soi de soi et être ailleurs que dans la reproduction. Un Noir peut jouer le frère d’un Blanc. Une amie d’origine arabe ne recevait que des scénarios sur le voile ou l’émancipation. Un ami homo s’est entendu dire : « Est-ce que vous pouvez en faire plus ? » Sous-entendu, « pouvez-vous faire plus pédé »… Dans ma pièce, cette élève dit : « C’est violent de toujours devoir reproduire ce que nous sommes ».

 

Songes et métamorphoses, mise en scène de Guillaume Vincent. 4 heures avec entracte. Jusqu’au 20 mai à l’Odéon-Théâtre de l’Europe (Ateliers Berthier) à Paris puis du 23 au 25 juin au Printemps des comédiens (Montpellier).

Couverture : ©Anne Guillaume

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« Moonlight » : le baiser gay du film récompensé aux MTV Movie Awards

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Le film triplement oscarisé en 2017 a reçu une nouvelle récompense de taille : après celle du Meilleur film, celle du Meilleur baiser. Un prix remis lors des MTV Movie Awards, dans la nuit du dimanche au lundi 8 mai.

Moonlight n’en finit plus de rafler des prix, et pas des moindres. Après avoir remporté trois oscars, dont celui du Meilleur film, au début de l’année 2017 – on se souvient de l’énorme gaffe lors de l’annonce – voilà que le duo touchant du film réalisé par Barry Jenkins, Chiron et Kevin, campés respectivement par Ashton Sanders et Jharrel Jerome, vient de se voir décerner le prix du Meilleur baiser.

Cette attribution est totalement inédite dans une cérémonie où jamais ce prix prestigieux n’avait été remis  à un film où l’histoire est centrée sur un personnage noir et gay. L’histoire, c’est celle de Chiron, un afro-américain de Miami qui se bat pour vivre son homosexualité, luttant aussi bien contre l’oppression à l’école qu’au sein de sa propre famille.

Dès l’annonce de l’attribution du prix, les deux acteurs de ce long-métrage, adapté de la pièce de théâtre du scénariste et acteur américain Tarell Alvin McCraney, In Moonlight Black Boys Look Blue, sont montés sur scène pour livrer un discours poignant. S’ils ont tenu à dédier ce prix à tous ceux qui ont l’impression d’être « les autres », comme ils disent, « les marginaux », Ashton Sanders a également eu ces mots, aussi touchants que percutants : « Ce prix est plus grand que Jharrel et moi, qui représentons plus qu’un baiser », a-t-il lancé devant la salle comble des MTV Movie Awards.

« Je pense qu’on peut dire que les jeunes acteurs, et particulièrement nous, les acteurs des minorités, peuvent sortir des cases toutes faites. Ce prix récompense ça, a confié Jharrel Jerome. Il est pour les artistes qui doivent sortir des cases toutes faites, et faire ce qu’il faut pour raconter une histoire et changer les choses, réveiller les gens. »

Un premier prix non-genré

Des propos forts et nécessaires qui émanent d’un fantastique duo qui a su, à l’écran, exprimer avec justesse la réalité que vit un jeune noir gay aux États-Unis. Les deux acteurs ont raflé le prix face au baiser d’Emma Stone et Ryan Gosling dans la comédie musicale La La Land, celui d’Emma Watson et Dan Stevens dans La Belle et la Bête, de Taraji P. Hanson et Terrence Howard dans Empire et de Zac Efron et Anna Kendrick dans Hors contrôle.

La cérémonie des MTV Movie Awards a également décerné le premier prix non-genré. C’est l’actrice Emma Watson, pour son rôle dans La Belle et la Bête, qui a été la première à recevoir un tel prix. Avec cette récompense du Meilleur baiser qui a, pour la première fois, été remis à un duo gay et l’introduction d’un prix non-genré, un véritable vent de progrès et d’avancée a soufflé outre-Atlantique. À quand de tels prix en France ?

 

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« I am not your negro » : l’histoire du racisme par l’écrivain gay James Baldwin

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Nommé aux Oscars, le documentaire percutant de Raoul Peck sur le racisme aux États-Unis est reparti bredouille mais triomphe en salle obscure, porté par les soutiens de Barry Jenkins, Michael Moore, Madonna – entre autres. On se laisse guider 50 ans en arrière par les mots de l’écrivain noir et gay James Baldwin. Un retour nécessaire.

En mixant les images d’archives des années 50-60 à celles, encore brûlantes, des manifestations de Ferguson en août 2014 et de leur violente répression policière, le documentaire expose sa thèse d’emblée. À la question « la ségrégation raciale est-elle derrière nous ? », le spectateur saura répondre par lui-même.

Le film donne à entendre les mots de James Baldwin qui fuit le racisme et s’installa en France où il passa une grande partie de son existence. Trente pages de notes d’un livre interrompu par sa mort (à Saint-Paul-de-Vence, en 1987), dans lequel il voulait témoigner des années Martin Luther King, Malcolm X et Medgar Evers, tous assassinés entre 1963 et 1968 et qu’il a bien connus. C’est Gloria, la sœur de James Baldwin, qui a confié au réalisateur Raoul Peck (également directeur de la grande école de cinéma La Fémis à Paris) ce texte inédit, afin qu’il retrace la lutte des Noirs Américains pour les droits civiques.

En 1957, James Baldwin voit dans la presse française les images de Dorothy Counts, une jeune fille noire de 15 ans, qui fait sa rentrée sous les huées et les crachats dans une école fréquentée par des Blancs à Charlotte aux États-Unis : « Cela m’a rempli à la fois de haine et de pitié, et j’ai eu honte. L’un d’entre nous aurait dû être là avec elle. C’est en cette après-midi lumineuse que j’ai su que je quitterais la France. Tous les autres payaient leur dette, il était temps pour moi de rentrer chez moi et de payer la mienne ».

I Am not your negro de Raoul Peck. France, États-Unis, Suisse, Belgique. 1h33. En salles le 10 mai.

 

La suite de la critique du film à retrouver dans le numéro 215 de TÊTU (mai/juin 2017).

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Interview exclusive : Dustin Lance Black (et son mari Tom Daley) à Paris !

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C’était juste avant leur mariage surprise, le 8 mai dernier : TÊTU rencontrait le réalisateur Dustin Lance Black et son fiancé, le plongeur Tom Daley.

Dustin Lance Black était l’invité surprise du festival Séries Mania à Paris. Le cinéaste, oscarisé en 2008 pour le scénario du film Harvey Milk, était venu défendre When We Rise, sa mini-série retraçant 40 ans de militantisme LGBT aux États-Unis, du début des années 70 à nos jours. À cette occasion, TÊTU a rencontré en exclusivité le cinéaste de 42 ans pour évoquer sa série, bien sûr, mais aussi l’avenir du militantisme et ses prochains projets. Tandis qu’à ses côtés, son mari, le plongeur olympique anglais Tom Daley, veillait au grain…

TÊTU : Votre série When We Rise s’adresse plutôt à un public qui ne connaît rien au mouvement LGBT qu’aux homosexuels, non ?

Dustin Lance Black : Aux deux ! Le show a été conçu pour un large public mais les membres de la communauté LGBTQ connaissent mal leur propre histoire ! C’est pour ça que j’ai dit oui à ABC. Ces dernières années, j’avais reçu plusieurs propositions d’autres networks pour travailler sur des projets similaires. On aurait sûrement eu plus d’argent, plus de temps, mais au final nous aurions prêché des convertis ! On se serait adressé à un public déjà sensibilisé. Pour ABC, il a fallu construire une série que des personnes qui ne sont pas issues de la communauté LGBT soient en mesure de comprendre. C’est pour ça que When We Rise ne commence pas avec l’activisme LGBT mais avec des jeunes gens qui militent dans les mouvements féministes, pour la paix ou les droits civiques…

Vous ne craigniez pas qu’ABC, chaîne du groupe Disney, édulcore la série ?

DLB : Je voulais travailler avec eux ! J’ai entendu une rumeur qui laissait entendre qu’ils cherchaient à développer un projet autour des questions LGBT. J’ai demandé à rencontrer les dirigeants de la chaîne pour voir s’ils étaient sérieux. Quand j’ai compris qu’ils l’étaient, je leur ai dit « je vais avoir besoin d’une année de recherches », ce qui est très long pour eux. Ils m’ont répondu « sans problème ». C’était inspirant car ABC était la seule chaîne que j’avais le droit de regarder quand j’étais gosse. J’ai grandi dans une famille du sud : conservatrice, militaire et mormone. ABC était la seule chaîne que ma mère me laissait regarder car c’est un network familial. Ce show, c’est l’opportunité de toucher des enfants qui, comme moi plus jeune, se sentent peut-être seuls au monde. C’est même la seule raison de le faire ! Vous savez, personne ne fait de fric avec ce genre de projet. Si vous faites ce job pour les gros chèques, allez écrire des films où les mecs portent des capes !

Vous avez commencé à travailler sur When We Rise bien avant l’élection de Donald Trump et pourtant, la série résonne terriblement avec ce qui se passe aujourd’hui aux États-Unis. Ou avec ce qui pourrait se produire en France…

DLB : Ou au Royaume-Uni avec le Brexit ! (Il se retourne vers Tom Daley) C’est de ta faute Tom, vous avez commencé ces conneries !

Tom Daley : Je sais ! (rires)

DLB : Plus sérieusement, j’ai commencé à écrire la série il y a quatre ans. À ce moment-là, nous vivions une période très progressive et excitante aux Etats-Unis en matière d’évolution des droits LGBT. Et déjà à l’époque, j’avais peur. Peur car nous autres, les personnes issues de la diversité, avions perdu notre connexion les uns aux autres. Pourtant, il y a eu un temps où nous étions tous solidaires. Pas seulement les LGBTQ, mais aussi les gens qui prient pour un autre dieu, les gens venant d’autres pays, ceux dont la couleur de peau était différente, les travailleurs… Mais nous avons fini par nous diviser. Obnubilés par nos propres luttes. On a oublié que nous devions aussi nous battre pour nos frères, pour nos voisins, autant que pour nous. Dire cela, ça n’est pas être politiquement correct. C’est être malin ! Si les minorités ne travaillent pas ensemble alors nous serons facilement vaincus ! Ma série avance plusieurs idées mais l’une des plus importante est que chacun d’entre nous sur cette planète, dans votre pays comme dans le mien, nous faisons partie d’une minorité. Cela dépend seulement de comment on divise le gâteau. Ce qu’on peut arracher à votre voisin, on peut vous l’arracher demain. Personne n’est une majorité. Voilà de quoi parle When We Rise, certes vu par le prisme LGBTQ aux Etats-Unis, mais on peut aussi faire une comparaison avec les luttes de la diversité ici en France ou en Angleterre.

Condenser 40 ans d’histoire LGBT en 7 épisodes, c’est un véritable challenge…

DLB : Et encore, si on enlève les pubs, il reste seulement 6 heures de programme ! J’ai énormément de rushs, peut-être un jour ferais-je un director’s cut ! (rires) Mais il y a des astuces pour s’en sortir. La première est d’être très stratégique et très déterminé sur l’histoire qu’on veut raconter. L’enjeu n’est pas de raconter la vie de chaque personne du mouvement LGBT, seulement d’une petite poignée d’entre eux qui ont créé une famille à San Francisco pour survivre à l’homophobie. C’est leur histoire, leur perceptive. Il y a d’autres héros LGBTQ dont les vies n’ont pas encore été racontées, beaucoup de luttes qui n’ont jamais été décrites. J’ai entendu les frustrations de personnes LGBT me disant « vous n’avez pas parlé de cette personne ! De cet endroit ! De cette lutte ! » Au lieu de m’agacer, ça m’a rendu très heureux. Je me suis dit : « ok, j’ai posé un cadre, à votre tour de raconter ces vies ! » Les gens commencent à comprendre le pouvoir de l’histoire. C’est quelque chose que nous n’avons pas eu jusqu’à présent dans le mouvement LGBT : une histoire popularisée et facilement accessible.

Peut-on voir votre série comme une réponse à Stonewall, le film de Roland Emmerich, à qui beaucoup ont reproché de prendre trop de liberté avec la réalité des émeutes à New York ?

DLB : Laissez-moi vous dire une chose : Roland est mon ami. Il a donné énormément d’argent à de nombreuses causes notamment en faveur des jeunes LGBTQ à Los Angeles. Il a sauvé des tas de vies et je l’adore. Alors je ne suis peut-être pas la bonne personne à qui poser cette question… Il m’a fait lire une version de son script et je lui ai dit ce que j’en pensais. Quand je faisais des recherches pour When We Rise, j’avais mené des entretiens avec des survivants de Stonewall. Deux sont morts depuis. Je lui ai envoyé les enregistrements en lui disant : « Ces interviews sont à toi. Tu peux en faire ce que tu veux. » D’une certaine façon, je vois en quoi il s’est rapproché de ce que je lui ai envoyé mais je vois aussi en quoi il s’en est éloigné… Mais au final, c’est son film. Je dis souvent à mes étudiants en cinéma, lorsqu’il s’agit d’écrire sur une histoire vraie : chaque cinéaste doit décider à quel point il veut tordre la vérité avant de filmer. Moi, je veux la tordre le moins possible.

C’est pour cela que vous teniez à ce que les activistes dont vous dépeignez les vies soient consultants sur la série ?

DLB : J’essaie, autant que faire se peut, d’interviewer moi-même les gens qui ont vécu les choses que je veux raconter. Je n’aime pas m’appuyer sur des livres ou des interviews. Les entrevues sont souvent éditées et un livre est toujours le point de vue de son auteur. Lorsque j’écris, je veux m’approcher au plus près de la vérité pour créer une histoire essentielle. Car les opposants à l’égalité essayeront toujours de dire: « Rien de tout ça n’est arrivé ! » et je refuse de leur donner ce pouvoir. Avant même que la série ne soit diffusée, des ultra-conservateurs américains étaient déjà en train de dire « tout ça est faux ! » J’ai pu leur répondre: « les personnes qui ont vécu ces événements sont là pour vous dire que tout est vrai. Vous ne nous arracherez pas notre histoire ! »

Vous avez écrit Harvey Milk, J. Edgar, la pièce 8, maintenant When We Rise… Êtes-vous l’homme d’un seul sujet : l’histoire LGBT ?

DLB : J’ai démarré en tant que scénariste pour des séries comme Big Love, où je parlais surtout de mon éducation mormone. C’est sûrement mon travail le plus considérable : 6 ans sur HBO avec Bill Paxton, Chloë Sevigny, Ginnifer Goodwin… J’ai aussi produit, Prophet’s Prey, un documentaire sur l’Eglise mormone et je vais bientôt commencer une mini série avec Ron Howard, Under the banner of Heaven. C’est un autre versant de moi, qui n’a rien à voir avec mon homosexualité mais ça reste lié à mon expérience. Être un artiste, c’est être doté d’une histoire. Plus elle est compliquée, mieux c’est ! (rires) Et plus on met de soi dans un récit, plus il devient universel. Par exemple, en ce moment, j’écris une comédie romantique sur un Américain tombant amoureux d’un Britannique … (il se tourne vers Tom Daley)

So… what did you do this weekend?

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Pourquoi regardez-vous Tom ?

DLB : Parce que Tom est le symbole de la romance ! (il sourit)

TD : Et que je suis la star de son film !

DLB : Ne dis pas ça, ça va faire la une de tous les tabloïds anglais ! J’aimerais réaliser ce film l’automne prochain. Et je travaille aussi sur un biopic de Byron Rustin (un proche conseiller de Martin Luther King), qui lui aussi était gay, pour HBO. Il reste tant de choses à raconter car l’histoire LGBT a été enterrée pendant si longtemps. Les mouvements des femmes ou pour l’égalité raciale ont eu le droit à des films ! Et ça donne de l’inspiration aux gens. Grâce à eux, ils se sentent moins isolés. Tout ce travail n’a pas eu lieu sur l’histoire LGBT. Il y a 40 ans, aux Etats-Unis, vous risquiez un traitement aux électrochocs, la lobotomie ou la prison simplement pour avoir écrit cette histoire. On a perdu du temps car à l’époque, pour faire ce que je fais aujourd’hui, le prix à payer était trop élevé. Et si ma mission est de rectifier cela, alors j’en suis fier.

Les épisodes de When We Rise sont disponibles sur Canal Plus Séries

 

Les photos du mariage de Lance et Tom, le 8 mai dernier, sont issues de leurs comptes Instagram respectifs.

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